Arte TV a diffusé récemment « Vacances en Italie », film de Sophie Letourneur (2023) dans lequel elle joue l’un des rôles principaux aux côtés de Philippe Katerine.
Sophie (Sophie Letourneur) et Jean-Philippe (Philippe Katerine) ont l’opportunité de s’échapper pendant une semaine de leur ronron parisien ; la mère de Sophie a proposé de garder leur fils de dix ans. Où aller ? Après avoir tergiversé entre l’Andalousie et les sentiers de l’Aubrac, Ils se mettent d’accord sur la Sicile.
Leur première étape sera Syracuse, magnifiée par la chanson d’Henri Salvador : « j’aimerais tellement voir Syracuse / L’île de Pâques et Kairouan / Et les grands oiseaux qui s’amusent / À glisser l’aile sous le vent ». Une semaine romantique s’annonce, pleine de rêves et de plaisirs sensuels.
Sophie et Jean-Phi sont rattrapés par la banalité. De Syracuse à Taormine, puis à l’île de Vulcano, tout est prévisible : hôtels moyens avec vue sur la baie, pizzérias, ruines antiques. Le voyage est semé de petites contrariétés : l’impossibilité de garer la Fiat Panda de location, le scooter inconfortable, des sites touristiques temporairement interdits, le cratère du volcan inaccessible pour cause de vertige… Ils sont irrités, s’énervent, échangent des reproches.
Le film est souvent drôle. Dans un site archéologique, une statue en bronze gît en plein soleil. Sophie appuie son dos sur le sexe d’Apollon et la brûlure lui arrache un cri de douleur. La scène constitue un miroir inversé de ce que le couple est venu chercher ici : le ravivement de leur flamme amoureuse.
Au lit avant de s’endormir, Sophie et Jean-Phi évoquent avec gourmandise chacun des instants qu’ils ont vécus pendant la journée, et leur trivialité prend une dimension véritablement poétique. Beaucoup de spectateurs n’ont vu dans ce film que platitude et répétitions. D’autres ont salué la transfiguration d’un quotidien gris en épopée silencieuse. « Quelque part, dit la réalisatrice, c’est un film faussement anecdotique sur ce qui lie ce couple dans sa plus pure trivialité et dans la complémentarité miraculeuse de ses névroses. »