Cinéma11 avril 20150Cherchez Hortense

« Cherchez Hortense », comédie de Pascal Bonitzer (2012) récemment diffusée sur Arte TV est un film tout en finesse et en sensibilité.

 Damien Hauer (Jean-Pierre Bacri) est un bobo parisien fatigué. Son travail d’enseignant en civilisation chinoise l’intéresse médiocrement. Son couple avec Iva (Kristin Scott), réalisatrice de théâtre, bat de l’aile. Les relations avec Noé, leur fils adolescent qui les observe narquois derrière des lunettes de Pierrot lunaire, ne sont pas simples.

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Voici qu’Iva demande à Damien d’intervenir auprès de son père pour que soit régularisée la situation de Zorica (Isabelle Carré), une jeune Serbe sans papiers menacée d’expulsion. Sébastien (Claude Rich), le père de Damien, est Conseiller d’État et a le bras long. Mais prisonnier des ors de la République, emmuré dans son égoïsme, persuadé que le personnage important qui pourrait débloquer la situation de Zorica n’a rien à faire d’une clandestine balkanique noyée dans une masse de clandestins, refuse d’intervenir.

 Damien s’enferme dans le mensonge, prétend que l’affaire est en bonne voie. Depuis quelque temps, il rencontre dans son quartier Aurore, une jeune femme qui semble sans cesse en alerte et qui perçoit tout de suite combien il est « chiffonné ». Or, « Zorica » signifie « Aurore » en français.

 Un piège s’est refermé sur Damien, obligé d’avouer à Aurore son impuissance à la sauver. Il est trompé par sa femme, renié par ses amis, fâché avec son fils. Dans ce champ de ruine, reste debout la rencontre improbable mais vraie avec Aurore, cette jeune femme fragile qui ne perd pas l’espoir de poser ses valises et de faire un enfant.

 « Cherchez Hortense » est un film lumineux porté par des acteurs formidables ; Jean-Pierre Bacri est dans son rôle habituel de loser, harassé par une vie vide de sens. Mais l’effondrement de ses repères l’ouvre à la possibilité d’une rencontre.

Isabelle Carré parvient, comme toujours, à communiquer par un regard, un sourire, une intonation, une gamme de sentiments allant de la douceur à la violence. Elle semble un papillon déporté par le vent, mais aussi ancrée dans des désirs profonds.

 Les autres personnages aussi sont remarquables. Claude Rich, dans le rôle d’un grand bourgeois si imbu de lui-même et de sa position sociale qu’il ne peut percevoir la détresse d’autrui ; Kristin Scott Thomas, écartelée entre l’affection qu’elle conserve pour les siens et le désir de vivre elle-même les torrents d’amour impétueux qu’elle met en scène au théâtre ; Jacky Berroyer, vieil homme brûlant d’un amour nouveau mais impossible et tenté par le suicide.

 L’Hortense que le titre du film nous invite à chercher est le fonctionnaire haut place qui peut résoudre la situation d’Aurore et dont Damien force la porte. Histoire de souligner le ridicule d’une classe qui occupe le pouvoir mais n’a pas le pouvoir de venir en aide à des gens en chair et en os.

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