A Gaza, les journalistes pris pour cibles

Lundi 25 août, une double attaque de l’armée israélienne contre l’hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a fait 20 morts, dont 5 journalistes. Plusieurs secouristes et journalistes sont morts lors de la seconde frappe, alors qu’ils venaient au secours des blessés ou témoigner de l’événement.

Plusieurs journalistes tués travaillaient pour les agences The Associated Press et Reuter. Deux hauts responsables de ces agences,  Julie Pace et Alessandra Galloni, ont écrit au « cher premier ministre Benyamin Netanyahou » et à plusieurs de ces ministres.

« Nous vous écrivons pour exiger une explication claire des frappes aériennes qui ont touché l’hôpital Nasser de Khan Younis le 25 août 2025, tuant plusieurs journalistes, dont ceux travaillant pour l’Associated Press et Reuters (…)

Funérailles d’un journaliste assassiné à Gaza

« Nous sommes indignées que des journalistes indépendants figurent parmi les victimes de cette frappe contre l’hôpital, un lieu protégé par le droit international. Ces journalistes étaient présents à titre professionnel, effectuant un travail critique de témoignage. Leur travail est particulièrement vital à la lumière de l’interdiction faite par Israël aux journalistes étrangers d’entrer à Gaza, depuis près de deux ans.

Les signataires réclament une enquête impartiale, et doutent qu’une enquête interne à l’armée israélienne aboutisse à des conclusions claires suivies d’actions, Les enquêtes passées soulevaient de graves questions, en particulier celle de savoir si « Israël cible délibérément des sources afin de supprimer des informations. »

« L’armée israélienne, poursuivent-elles, a le devoir, en vertu du droit international, de protéger les journalistes et les civils et de prendre toutes les précautions possibles pour éviter des dégâts. La frappe d’un hôpital, suivie d’une seconde frappe pendant que les journalistes et les sauveteurs intervenaient, soulève des questions urgentes sur le respect de ces obligations. Au total, le Comité pour la protection des journalistes affirme que 197 journalistes et travailleurs des médias ont été tués dans la région depuis le 7 octobre 2023, dont 189 Palestiniens. »

Mariam Dagga, morte le 25 août 2025 dans le bombardement de l’hôpital Nasser

Parmi les journalistes assassinés figure Mariam Dagga, photographe et vidéaste, qui travaillait comme pigiste pour plusieurs médias, dont l’agence The Associated Press. Âgée de 33 ans, elle exerçait le métier de journaliste depuis dix ans. Elle était mère d’un enfant de douze ans, qui avait pu quitter Gaza. « Elle a travaillé dans des conditions extrêmement difficiles pour faire connaître au monde entier la situation à Gaza, en particulier l’impact de la guerre sur les enfants », a déclaré Julie Pace, corédactrice de la lettre au premier ministre israélien.

Transhumances a rendu hommage à une autre héroïne de l’information à Gaza, Shrouq Aila.

La possibilité pour les journalistes d’opérer librement sur un territoire conditionne la confiance que l’on peut accorder, ou non, aux autorités. Il y a un demi siècle, en avril 1975 les Khmers Rouges entraient à Phnom Penh comme des libérateurs. Le bannissement des journalistes fit comprendre au monde que, derrière le huis-clos, se tramaient des abominations.

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