Des mots d’amour

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France 2 a diffusé le 11 juillet, à une heure tardive et en concurrence avec la finale de la Coupe du Monde de football, un joli premier téléfilm de Thomas Bourguignon : « Des mots d’amour ».

Eric (Michel Vuillermoz), employé dans une compagnie d’assurance, reçoit de son médecin la confirmation de ce qu’il est atteint précocement de la maladie d’Alzheimer. Il en connaît les ravages : son père est mort de cette maladie, et sa mère indirectement aussi, écrasée par l’épreuve d’accompagner un homme devenu étranger à lui-même et paranoïaque.

Mais voilà. Il tombe amoureux d’Alice (Clotilde Courau), une délicieuse jeune femme qui travaille depuis quelques mois au service des ressources humaines de la même compagnie. Alice en retour aime cet homme doux et distrait. Pour que cet amour dure le plus possible, Eric lui cache, à elle et à ses collègues de travail, sa maladie. Il s’organise pour combler les trous de sa mémoire défaillante, à coups de carnets et de dizaines de post-it. Il se filme en vidéo pour imprimer au plus profond de sa mémoire son identité. Mais la maladie progresse. Bon pianiste, Eric trébuche de plus en plus sur sa partition. Lorsque le masque tombe, Alice se sent trahie. Mais par amour, elle décide d’accompagner son homme jusqu’à la frontière de la dissolution de son moi.

« Des mots d’amour » est un beau film, dans la ligne de « Se souvenir des belles choses » de Zabou Breitman avec Isabelle Carré et Bernard Campan. On peut regretter que, malgré la sensibilité des acteurs, certaines séquences sonnent un peu faux. Mais l’écriture cinématographique est intéressante : par un jeu de flash back et de fondus enchaînés, le réalisateur parvient à créer chez le téléspectateur un sentiment de trouble, une intuition de « quelque chose qui cloche ». En d’autres termes, il parvient à communiquer un peu de l’intolérable malaise des victimes de l’Alzheimer.

Photo : Clotilde Courau et Michel Vuillermoz dans « Des mots d’amour ».

Carla sous l’objectif

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Pascal Rostain, portraitiste des Sarkozy, a été hué aux Rencontres d’Arles le 5 juillet.

Le photographe officiel du couple Sarkozy, Pascal Rostain, a été hué lorsqu’il venait présenter ses images prises dans l’intimité du couple présidentiel. Le Monde nous dit que les sifflets s’adressaient au président de la République, mais aussi au photographe. La position de « peintre de cour » est depuis toujours méprisée et secrètement enviée.

Pascal Rostain est ami de Carla Bruni. J’admire cette femme. Elle a toujours su ce qu’elle aimait : la célébrité sous les projecteurs. A différents ages de sa vie, elle a su se réinventer, comme mannequin, comme chanteuse et comme première dame de France, à chaque fois sur l’avant scène et au centre des attentions. Elle a aussi le souci de l’utilité sociale de sa notoriété. La Fondation Carla Bruni Sarkozy, lancée l’an dernier, se donne pour mission de faciliter l’accès à la culture, à l’éducation et au savoir afin de lutter contre les inégalités sociales.

Photo : Carla Bruni par Pascal Rostain

¡Viva España !

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J’ai vibré pour la victoire de l’Espagne dans la coupe du monde de football.

J’aime l’Espagne pour y avoir vécu heureux de 2001 a 2007. Je participe de la liesse de Madrid et de Barcelone.

La revanche de leur entraîneur Vicente del Bosque, évincé du Real de Madrid où il avait été pendant trente ans joueur et entraîneur, juste après avoir remporté le championnat en 2003, relève de la justice immanente. « Un nouveau cycle doit commencer », avait annoncé le président du club Florentino Perez, soucieux de mener à bien sa politique de recrutement de « galactiques ». Un cycle désastreux allait en effet commencer pour le club madrilène. Vicente del Bosque est revenu par la grande porte. Le paradoxe est qu’il l’a fait à la tête d’une équipe dont l’ossature est le club de Barcelone, grand rival du Real.

Car la victoire de l’Espagne est en grande partie une victoire catalane. C’est un paradoxe : beaucoup de Catalans perçoivent comme une humiliation l’arrêt du tribunal constitutionnel espagnol sur se statut d’autonomie élargie de la Catalogne. Cet arrêt confirme, selon Le Monde, les restrictions apportées par cette juridiction largement influencée par le Parti Populaire à la notion de nation catalane qui figurait dans le préambule du statut adopte en 2006, ainsi que l’invalidation du « caractère préférentiel » de la langue catalane, notamment dans l’administration.

Le triomphe de la « Roja » semble œuvrer a « l’indissoluble unité de l’Espagne » évoquée par le tribunal constitutionnel, alors que nombre de ses héros rêvent d’autonomie, pour ne pas dire d’indépendance.

Photo « Le Monde »

La tête en friche

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« La tête en friche » de Jean Becker n’est pas ce qu’on appelle un « grand film ». Mais on se laisse volontiers entraîner par son optimisme et par le talent des acteurs, en particulier Gérard Depardieu et Gisèle Casasus.

Germain (Gérard Depardieu) est un « looser ». Il vit dans une petite ville de petits boulots, est un pilier du bistrot « chez Francine », habite dans une caravane dans le jardin de sa mère, qu’il n’a jamais quittée bien qu’elle l’ait toujours traité par le mépris. Il a la tête en friche. Elevé sans père, tête de turc de son instituteur, considéré par sa mère comme un gêneur et un minable, c’est un pauvre gars sans repère. Ou du moins, c’est ainsi qu’il parait. Car dans son potager, Germain est un prince qui sait dénommer plus de variétés de tomates qu’il n’y en a dans le Petit Robert. Et dans sa caravane, ses nuits ont un trésor : Annette (Sophie Guillemin), une jolie femme d’une trentaine d’années, des yeux bleus à faire chavirer, l’aime de pur amour. 

La rencontre dans un jardin public avec Margueritte, quatre vingt quinze ans passés, va permettre a Germain d’ordonner son jardin mental. Elle lui lit Albert Camus et Romain Gary, et c’est pour lui une révélation. Sa richesse intérieure était scellée sous un manteau d’apparente inculture, de la même manière que l’amour que sa mère lui portait était cachée sous une apparence d’inextinguible hostilité. Avec Annette et Margueritte, Germain est prêt à fonder une famille.

« La tête en friche » chasse dans les territoires de Harold et Maud (un adolescent suicidaire sauvé par une vieille dame débordante de joie de vivre) et du Liseur (une ancienne gardienne de camp de concentration nazi hantée par son analphabétisme). Le film est loin d’atteindre leur profondeur, mais il raconte une bien belle histoire.

Photo du film « la tête en friche », Gérard Depardieu et Gisèle Casasus.