Steve Jobs, visionnaire obstiné

“Steve Jobs a changé la manière dont chacun de nous voit le monde”, a dit Barak Obama à l’annonce du décès du fondateur d’Apple.

 Cet homme est mort jeune, à 56 ans. Dans le bref temps de sa vie, il a pourtant apporté des innovations qui ont changé la vie des gens : l’ordinateur personnel convivial (Macintosh), le film d’animation, la manière d’acheter et d’écouter de la musique (iPod et iTunes), la façon de téléphoner (iPhone), la gestion des documents personnels sans papier (iPad).

 Son parti pris était de partir des besoins des consommateurs. Son génie, de partir de besoins qui n’existaient pas encore, mais que l’arrivée de produits puissamment innovants allait rendre évidents.

 « Cela a été un de mes mantras – focus et simplicité. Faire simple peut être plus difficile que faire  compliqué. Il faut travailler dur pour dépouiller sa pensée et la rendre simple. Mais cela vaut la peine à la fin parce qu’une fois qu’on y est, on peut déplacer des montagnes » (Steve Jobs, Business Week 1998).

 « Dans le vocabulaire de la plupart des gens, design veut dire vernis. C’est de la décoration intérieure. C’est le tissu des rideaux et du sofa. Mais pour moi, rien ne peut plus être éloigné du sens du mot design. Le design, c’est l’âme fondamentale de la création faite de main d’homme qui finit par s’exprimer dans les couches extérieures successives du produit ou du service » (Steve Jobs, Fortune Magazine 2000).

 « Me rappeler que je serai mort bientôt est la chose la plus importante que j’aie jamais rencontrée pour m’aider à faire les grands choix de la vie. Parce que presque tout, toute espérance extérieure, toute la fierté, toute peur d’embarras ou d’échec – ces choses ne tiennent tout simplement pas en face de la mort, laissant seulement ce qui est vraiment important. Se rappeler que l’on va mourir est la meilleure manière que je connaisse pour éviter le piège de penser que l’on a quelque chose à perdre. On est déjà nu. Il n’y a pas de raison de ne pas suivre son cœur. » (Steve Jobs, discours de Stanford, 2005).

 Cet homme était un visionnaire obstiné. Et aussi un grand homme.

 Photo « The Guardian ».

Zaedyus

La société pétrolière Tullow a annoncé avoir trouvé un gisement de pétrole nommé Zaedyus au large de la Guyane française.

  C’est probablement une bonne nouvelle pour la Guyane, encore que les pays pétroliers, de l’Irak à la Lybie et au Venezuela ne soient pas nécessairement les mieux placés dans l’échelle du bien-être.

 Au début du vingtième siècle, l’Allemand Alfred Weneger avait été intrigué par le fait que l’Afrique et l’Amérique du sud semblaient s’imbriquer parfaitement l’une dans l’autre comme les pièces d’un puzzle et avait élaboré une théorie des translations continentales, devenue dérive des continents puis tectonique des plaques.

 Il se trouve que Tullow avait découvert un gisement pétrolier au large du Ghana, du nom de Jubilee. Son raisonnement fut le suivant : si l’Afrique et l’Amérique du Sud se sont séparées il y a quelque 135 millions d’années, une partie du gisement Jubilee ne s’est-elle pas déplacée avec la plaque Amérique ? Tullow se mit donc à forer au large de la Guyane dans une zone « miroir » du gisement ghanéen. Et à près de 6km du fond de l’Océan, se trouva en effet l’or noir.

 L’or noir de la Guyane, ce sont ses habitants, principalement d’origine africaine. La géologie donne un clin d’œil à l’histoire humaine.

 Photo Tullow : forage pétrolier.

David Hare, je me sens anxieux

« C’est absurde », dit le scénariste britannique David Hare à Stuart Jeffries, journaliste au Guardian, « mais je me sens anxieux » (The Guardian, 3 septembre 2011).

 « Transhumances » a croisé plusieurs fois David Hare : en juillet 2011, pour son portrait de l’Archevêque de Cantorbéry ; en avril 2010 pour un article intitulé « le livre de Cantiques des Conservateurs » ; et en octobre 2009 pour sa pièce « the power of yes » sur la crise financière.

 David Hare s’est fait une spécialité : transmuter l’actualité en art. Ses pièces ont ainsi pour thèmes la privatisation des chemins de fer, l’invasion de l’Irak ou la faillite de Lehman Brothers. Mais il dit se trouver dans l’embarras : « C’est très dur d’écrire quand il semble que les pays ou les gouvernements ne contrôlent pas leurs propres destinées. Ils semblent livrés aux caprices d’un système qui a échoué de manière catastrophique et qui est tenu pour défectueux par ceux qui l’ont soutenu en première ligne (…) Nous avons une génération de leaders – Merkel, Sarkozy, Obama, Cameron – qui ne semblent pas avoir la moindre idée de ce qu’ils font. La politique n’est plus rien que des gens qui disent des paroles d’espoir avec leurs doigts croisés.

 « Pour moi l’expérience est très semblable à celle de la fin des années soixante dix. Nous nous attendions à ce que la Grande Bretagne sombre dans l’anarchie ou vire à gauche – et la Grande Bretagne vira à droite. Cela me réduisit au silence pendant quatre ans. Je ne savais pas quoi dire. »

 Photo « The Guardian » : David Hare.

Pluie acide

Dans The Guardian du 14 août, Peter Beaumont va à la découverte de personnes vivant dans les quartiers visés par les émeutes en Grande Bretagne. A Tottenham, il a rencontré une jeune fille de 23 ans, Cherelle Glave, qui a écrit ce poème.

« My heart turns tight like fingers grip a brick/ as hate rises like heat, while anger is the flame that tore thru the upstairs blew out sense and set mortar ablaze…/ My hope turns lax./ Today the rain lashes, so fierce, so abrupt./ And like they who came in the night there is no regard, no pre-warning for the heart, as the harder the rain the stronger the hurt in these veins, the more disappointment your chest holds till  even your breath comes out cold./ This is the true meaning of acid rain./ Today the rain did not stop, and left us with no time to ask what have we become? »

Mon cœur se serre come les doigts saisissent une brique

Alors que la haine monte comme la chaleur, tandis que la colère est la flamme qui ravage les soupentes, souffle la raison et éblouit comme un éclat de mortier…

Mon espoir se relâche.

Aujourd’hui la pluie fouette, si violente, si abrupte.

Et comme ceux qui vinrent dans la nuit il n’y a pas de considération, pas d’avertissement pour le cœur et plus fort tombe la pluie, plus elle fait mal dans les veines, plus elle accumule de la déception dans la poitrine jusqu’au point où même l’air qu’on expire sort froid.

C’est le vrai sens de la pluie acide.

Aujourd’hui la pluie ne s’est pas arrêtée, elle nous laissés sans le temps de nous demander que sommes-nous devenus ?

 Photo « transhumances » : graffiti à Liverpool, we are demanding sun, nous réclamons le soleil !