Viol par supercherie

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Dans son numéro du 21 juillet, le quotidien The Guardian publie un article sur la condamnation d’un jeune arabe par un tribunal israélien pour « viol par supercherie ».

Signé de Jérusalem par Jo Adetujni et Harriet Sherwood, l’article relate la condamnation à 18 mois de prison pour « viol par supercherie » de Sabbar Kashur, 30 ans, un arabe de Jérusalem Est. En septembre 2008, il avait abordé une jeune femme en se présentant comme un célibataire juif à la recherche d’une relation sérieuse. Les deux eurent ensuite une relation sexuelle consensuelle.

Ayant appris que Sabbar était arabe et non juif, la jeune femme porta plainte pour viol et attaque indécente. La plainte fut ensuite requalifiée en viol par supercherie. « Lisant le verdict, Tzvi Segal, l’un des trois juges de l’affaire, reconnut que le sexe avait été consensuel, mais dit que bien qu’il ne s’agît pas d’un viol classique par la force, la jeune femme n’aurait pas consenti si elle n’avait pas cru que Kashur était juif ».

L’article rapporte la réaction de Gideon Levy, un commentateur libéral, qui demandait au juge ce qui ce serait passé si l’homme avait été juif et la femme arabe.

Texte de l’article : www.guardian.co.uk/world/2010/jul/21/arab-guilty-rape-consensual-sex-jew. Photo : le mur de séparation entre Israël et la Palestine, http://enpalestine.info/

Carla sous l’objectif

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Pascal Rostain, portraitiste des Sarkozy, a été hué aux Rencontres d’Arles le 5 juillet.

Le photographe officiel du couple Sarkozy, Pascal Rostain, a été hué lorsqu’il venait présenter ses images prises dans l’intimité du couple présidentiel. Le Monde nous dit que les sifflets s’adressaient au président de la République, mais aussi au photographe. La position de « peintre de cour » est depuis toujours méprisée et secrètement enviée.

Pascal Rostain est ami de Carla Bruni. J’admire cette femme. Elle a toujours su ce qu’elle aimait : la célébrité sous les projecteurs. A différents ages de sa vie, elle a su se réinventer, comme mannequin, comme chanteuse et comme première dame de France, à chaque fois sur l’avant scène et au centre des attentions. Elle a aussi le souci de l’utilité sociale de sa notoriété. La Fondation Carla Bruni Sarkozy, lancée l’an dernier, se donne pour mission de faciliter l’accès à la culture, à l’éducation et au savoir afin de lutter contre les inégalités sociales.

Photo : Carla Bruni par Pascal Rostain

¡Viva España !

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J’ai vibré pour la victoire de l’Espagne dans la coupe du monde de football.

J’aime l’Espagne pour y avoir vécu heureux de 2001 a 2007. Je participe de la liesse de Madrid et de Barcelone.

La revanche de leur entraîneur Vicente del Bosque, évincé du Real de Madrid où il avait été pendant trente ans joueur et entraîneur, juste après avoir remporté le championnat en 2003, relève de la justice immanente. « Un nouveau cycle doit commencer », avait annoncé le président du club Florentino Perez, soucieux de mener à bien sa politique de recrutement de « galactiques ». Un cycle désastreux allait en effet commencer pour le club madrilène. Vicente del Bosque est revenu par la grande porte. Le paradoxe est qu’il l’a fait à la tête d’une équipe dont l’ossature est le club de Barcelone, grand rival du Real.

Car la victoire de l’Espagne est en grande partie une victoire catalane. C’est un paradoxe : beaucoup de Catalans perçoivent comme une humiliation l’arrêt du tribunal constitutionnel espagnol sur se statut d’autonomie élargie de la Catalogne. Cet arrêt confirme, selon Le Monde, les restrictions apportées par cette juridiction largement influencée par le Parti Populaire à la notion de nation catalane qui figurait dans le préambule du statut adopte en 2006, ainsi que l’invalidation du « caractère préférentiel » de la langue catalane, notamment dans l’administration.

Le triomphe de la « Roja » semble œuvrer a « l’indissoluble unité de l’Espagne » évoquée par le tribunal constitutionnel, alors que nombre de ses héros rêvent d’autonomie, pour ne pas dire d’indépendance.

Photo « Le Monde »

Sur les traces de Jean Ferrat

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Dans son édition des 5 – 6 juillet, Le Monde a publié un article sur la transformation d’Antraigues-sur-Volane, la « montagne » de Jean Ferrat, en lieu de pèlerinage. Il est difficile de ne pas remarquer le contraste avec le Paris fétide de l’affaire Bettencourt.

Carole Dumas-Pitavy, envoyée spéciale à Antraigues-sur-Volane, écrit : « depuis la mort de Jean Ferrat le 13 mars, ils n’ont cessé d’arriver. Par bus entiers, lors de son enterrement ; puis à vélo, en voiture, en camping-car. Via des tours opérateurs aujourd’hui… A Antraigues-sur-Volane, en Ardèche, deux cents personnes par jour en semaine et près de mille cinq cents le week-end viennent sur les traces du chanteur. »

Les chansons de Ferrat nous touchent par leur puissante poesie, comme celles de Piaf ou de Brassens. Mais son personnage lui-même devient peu à peu l’icône d’une France digne, travailleuse, fière de son héritage révolutionnaire, soucieuse de la qualité de son cadre de vie. Jean Ferrat cristallise à la fois le communisme idéalisé (et purifié par le rejet tardif du stalinisme) et, avec trente ans d’avance, l’écologie en action. C’est un anti-carriériste, fuyant la vie « people » et les projecteurs pour une vie simple en Ardèche.

Il est très possible que les acteurs malgré eux de l’affaire Bettencourt n’aient pas commis d’actes répréhensibles ; laissons-leur le bénéfice du doute à ce stade. Mais comment ne pas voir qu’ils sont devenus les icônes d’une France parisienne, avide de célébrité et de pouvoir, ayant perdu le sens de la mesure dans la fréquentation de personnes qui « valent » plusieurs millions d’euros ?

Il est facile de déifier les morts. Jean Ferrat au pouvoir – situation qu’il aurait détestée ! – n’aurait certainement pas fait progresser la France dans le sens de la compétitivité, qui est pourtant cruciale pour l’avenir du pays. Il reste qu’il est difficile aux Français de s’identifier a ceux qui les gouvernent actuellement, et que le personnage de Ferrat donne une indication sur les qualités humaines qu’ils aimeraient, un jour, trouver en ceux qui leur succèderont.

Photo : Antraigues-sur-Volane, le bourg de montagne de Jean Ferrat