Chrysis

Dans Chrysis (Cherche Midi, 2013), Jim Fergus raconte l’histoire d’amour entre une artiste peintre, Gabrielle « Chrysis » Jungbluth et un cowboy du Colorado, Bogey Lambert, à Paris entre 1926 et 1929.

 Bogey est fils d’agriculteurs, excellent cavalier, boxeur redoutable. Dans l’attente d’un navire qui l’emmène, lui et son cheval, sur les champs de bataille de la Grande Guerre, il exerce le métier de videur dans un bordel new-yorkais. Blessé sur le front, hospitalisé et rééduqué pendant de longs mois en Ecosse, il vient à Paris, écrit des histoires de guerre qu’il ne publie pas et devient barman dans une maison close. Continuer la lecture de « Chrysis »

Musicophilia

Dans Musicophilia, le neurologue Oliver Saks explore, selon de multiples angles d’approche, les relations qui existent entre le cerveau et la musique.

 « Transhumances » a récemment publié une note de lecture du livre de Pierre Lemarquis « Sérénade pour un cerveau musicien ». L’ouvrage d’Oliver Saks a un parti-pris davantage scientifique : l’apparat critique (notes et bibliographie) occupe un bon tiers du volume. Mais il fait la part belle à des expériences de patients, y compris les siennes propres en tant que sujet à des hallucinations médicales. Cela donne à son livre une exceptionnelle épaisseur humaine. Il touche aussi à des interrogations philosophiques : que reste-t-il du « soi » lorsqu’une maladie dégénérative du cerveau ôte la mémoire d’événements survenus il y a seulement quelques secondes ? Quelle est la personnalité d’un être que la musique habite de manière obsessionnelle et exclusive ? Continuer la lecture de « Musicophilia »

Sombre dimanche

« Sombre dimanche », de la jeune romancière Alice Zeniter, est la saga d’une famille de Budapest, de la seconde guerre mondiale à la chute du mur de Berlin et à l’entrée de la Hongrie dans l’Union Européenne.

 Ce livre est empreint d’un double désespoir : celui d’une nation qui fut grande du temps de l’Empire Austro-hongrois et qui est réduite à la condition d’un petit pays exposé aux rafales de la grande histoire ; et celui d’une famille, les Mándy, accrochée à la maison construite par l’ancêtre et incapable de s’adapter au monde tel qu’il devient. A sa lecture, on se sent envahi de mélancolie, mais par la magie de la poésie, la tristesse est sublimée et atteint une forme de beauté. Continuer la lecture de « Sombre dimanche »

News from nowhere

Dans « News from nowhere » (Nouvelles de nulle part), publié en 1890, le poète, décorateur, imprimeur et militant socialiste William Morris explique sa vision de la société anglaise devenue socialiste au début du vingt et unième siècle.

 A l’issue d’une réunion mouvementée de la Ligue Socialiste à Londres, l’auteur revient chez lui dans un wagon du chemin de fer souterrain, « un bain de vapeur d’humanité pressée et insatisfaite ». Il se couche et, dans son sommeil, se prend à rêver. Il se trouve dans un endroit déconcertant : il reconnait bien la Tamise, mais tout a changé. Les gens apparaissent joyeux et en bonne santé. Leur environnement est constitué de jardins et de bâtiments harmonieux. Ils sont habillés de vêtements simples mais confortables. Le dix-neuvième siècle, avec ses usines immenses et insensées et ses salles de pari encore plus insensées est bien loin. L’auteur se trouve projeté dans un monde nouveau dans lequel il se trouve nu, privé de son cadre habituel de pensée et d’action. Continuer la lecture de « News from nowhere »