Adieu

Carte d'au-revoir, 12 octobre 2012

En cadeau d’adieu à l’occasion de mon départ du Royaume Uni pour l’Aquitaine, mes collègues britanniques m’ont offert une anthologie de la poésie anglaise. Ils y ont marqué leurs poèmes préférés. J’ai retenu, de William Blake (1757 – 1827), le poème Jerusalem, tiré de son recueil Milton.

 On trouve dans ce poème les thèmes et les images qui ont nourri la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques : une Angleterre de collines bucoliques, défigurée par les usines sataniques de la révolution industrielle ; le désir brûlant de construire Jérusalem dans la terre verte et plaisante de l’Angleterre, dans le ciel de laquelle les nuages de fumée s’écarteront pour le Chariot de feu.

 L’Angleterre ne reviendra pas au temps du paradis perdu, et largement fantasmé. Mais dans les contorsions de l’histoire, elle n’a cessé de se battre pour construire une cité meilleure, Jérusalem sur la terre.

 Jerusalem

 And did those feet in ancient time

Walk upon England’s mountains green?

And was the holy Lamb of God

On England’s pleasant pastures seen?

 

And did the Countenance Divine

Shine forth upon our clouded hills?

And was Jerusalem builded here

Among these dark Satanic Mills?

 

Bring me my bow of burning gold:

Bring me my Arrows of desire:

Bring me my Spear: O clouds unfold!

Bring me my Chariot of fire

 

I will not cease from Mental Fight,

Nor shall my Sword sleep in my hand

Till we have built Jerusalem

In England’s green & pleasant Land

 

Et ces pieds dans l’ancien temps, ont-ils marché sur les vertes montagnes d’Angleterre ? Et a-t-on vu le saint Agneau de Dieu sur les plaisants pâturages d’Angleterre ? Et la Majesté Divine a-t-elle brillé au-dessus de nos collines nuageuses. Et Jérusalem a-t-elle été construite ici parmi ces sombres Usines Sataniques ? Apportez-moi mon arc d’or brûlant, apportez-moi mes flèches de désir, apportez-moi ma lance : Ô nuages, déplie-vous ! Apportez-moi mon Chariot de feu. Je n’abandonnerai pas mon Combat Mental, et mon glaive de dormira pas dans ma main jusqu’à ce que nous ayons construit Jérusalem dans la Terre verte et plaisante d’Angleterre.

Farewell

Ironmongers Hall

Une fois n’est pas coutume, c’est en anglais qu’est écrit cet article de “transhumances”. Il s’agit d’un résumé de mon intervention a la « farewell party » organisée le 4 octobre dans le cadre magnifique du Ironmongers Hall de la City de Londres (l’antique siège de la corporation des ferronniers, devenus ensuite métallurgistes), en présence d’environ 80 personnes.

 When I was asked a few weeks ago which kind of farewell party I would fancy, I answered that I would like to meet a few people who have been particularly close to me over the past five years in the UK. I said that I wished that they would come from the various circles I have been involved in.

 Several of you have a special relation with Coface. Bridget founded the company’s operation in the UK nearly 20 years ago; Joe and Grant were part of the very first team. Coface UK senior managers are here tonight, as well as colleagues who have retired or are now working for other companies. Trade credit insurance defines itself as an industry, fiercely competitive but also kept together by a strong community spirit: some of you are our brokers, others our competitors. Other attendees are our auditors, lawyers, PR agency. And I would like to extend a special greeting to representatives of the French community – as you know London is the fifth French city by the number of population: Embassy, French Chamber of Commerce, Foreign Trade Advisers.

 Together, we faced in 2008 and 2009 the stress of a tremendous financial crisis. Every morning brought new claims, out of proportion with the insurance premiums. We survived, but we had to work hard to improve our understanding of risks, reduce costs and improve efficiency, and we came out of the ordeal as a team. Casually, this was exactly my mission at Coface UK when I arrived in 2007: to organise the branch so as it could be sustainably profitable. I think that the mission has been accomplished. Frédéric, my successor, will undoubtedly continue in the same direction. He will also bring new ideas, based on his deep financial culture and experience, and this will allow Coface to develop in a credit insurance market which has grown more and more sophisticated in the shadow of the Lloyds.

 I have been happy in the UK. Brigitte and I have extensively travelled from Kent to Scotland and from Midlands to Wales. We went to theatre, concerts and exhibitions. We admired this mix of humour, attention to others and perfect organisation which made the Olympics and Paralympics so unique events. To make a long story short: I love this people. And I would like to pay a tribute to Brigitte. She accepted to follow me in Milan, then to Madrid, then to Watford – and now to Bordeaux!

 You will have observed that this speech did not start with a joke. In line with the British spirit, let us go for a closing joke. The story involves, naturally, insurance people. An old man, on the verge of retirement after innumerable years at Coface, wanted to purchase a life insurance policy. A first salesman proposed him a policy “from the cradle to the grave”. A second one offered a better cover: “from the womb to the tomb”. The pre-retiree was about to sign for this second proposal when a third insurance salesman came with a contract he could not refuse: “from erection to resurrection!”

 I would like to thank you for these exciting five years. We shall keep in touch. All the best!

William Morris à Kelmscott Manor

Kelmscott Manor, photo "transhumances"

La visite de la maison de campagne de William Morris, Kelmscott Manor, dans les Cotswolds, permet de pénétrer dans l’intimité d’un homme exceptionnel. C’est aussi, par son jardin et sa proximité de la Tamise, un but de promenade agréable.

 William Morris a loué Kelmscott Manor en 1871, alors que son entreprise d’arts décoratifs commençait à faire de lui un homme riche. Son colocataire était son ami le peintre préraphaélite Dante Gabriel Rossetti. Morris pensait trouver là un oasis de bonheur avec sa femme Jane et ses filles Jenny et May. Les premières années furent difficiles : son mariage battait de l’aile, et Jane et eut une liaison avec Rossetti à Kelmscott Manor pendant que Morris voyageait en Islande. Cela n’empêcha pas William Morris de rester attaché au manoir jusqu’à sa mort, en 1896. Jane acheta le manoir en 1913 et May le légua à l’Université d’Oxford. Il est maintenant propriété de la Society of Antiquaries. La disposition de la maison et son ameublement restent ceux qui existaient à l’origine.

 Le manoir reste habité par la famille Morris. On y trouve des dessins et des toiles de Rossetti représentant Jane et ses filles, des photographies, du mobilier créé spécifiquement pour la maison, des tapisseries, des modèles de papier peint. La visite du jardin complète celle de la maison. L’obsession de Morris pour les entrelacs végétaux, qui sera à la génération suivante partagée par les pionniers de l’Art Nouveau, s’inspire directement de ce jardin qu’il avait voulu riche et luxuriant. 

Sur les bords de la Tamise, géométrie végétale. Photo "transhumances"

Le bâtiment date d’environ 1570, avec une aile ajoutée un siècle plus tard. Bien que construit en une pierre grise austère, il s’insère harmonieusement dans le doux paysage des Cotswolds. A proximité coule la Tamise, que l’on peut longer sur une longue distance sur un chemin piétonnier. En ce dernier samedi de septembre, la promenade est délicieuse.

 Attention : le manoir n’ouvre que jusqu’en octobre, et seulement le mercredi et le samedi. Mais il vaut une priorité dans les agendas !

Autodérision

David Cameron dans le Late Show de Letterman

La capacité des britanniques à se moquer d’eux-mêmes est l’une des caractéristiques les plus admirables de leur culture. Les leaders de la coalition, David Cameron et Nick Clegg, viennent d’en faire la démonstration.

 Invité du journaliste américain David Letterman dans son émission « the late show », David Cameron n’a su répondre à deux questions de culture générale britannique. Sa réaction : « vous avez trouvé mes limites (you have found me out). C’est mal. J’ai fini ma carrière dans votre show ce soir ! »

 A la conférence des Libéraux Démocrates, leur leader Nick Clegg lance dans son discours une blague qui tombe à plat. Il rebondit immédiatement : « I am sorry, I made a joke I could not deliver » (je suis navré, j’ai fait une blague que je n’ai pas su servir). Cette fois, il fait mouche : la semaine précédente, il avait dit qu’il était navré d’avoir fait des promesses qu’il n’avait pas pu tenir, et notamment celle de ne pas augmenter les frais de scolarité. Des vidéos avaient détourné la confession du libéral-démocrate. Des tasses à l’effigie du leader avec la phrase « I am sorry » se vendaient comme des petits pains dans les couloirs de la convention.

Nick Clegg à la conférence du Parti Libéral Démocrate