Les jardins d’Exbury

Floraison, Exbury Gardens

Dans le Parc National de New Forest, près de Southampton, Exbury Gardens est un superbe lieu d’excursion au printemps.

 La traversée du Parc National est, en soi, intéressante. La forêt primitive alterne avec de vastes espaces de lande désolée où des animaux, principalement des chevaux et des poneys, évoluent en liberté.

 Lionel de Rothschild acquit en 1929 une propriété de 100 ha à Exbury, en bordure de la rivière Beaulieu au sud du Parc National et y fit planter un jardin somptueux. Au début du printemps, la floraison des rhododendrons, des acacias, des magnolias et des cerisiers donne lieu à une symphonie de couleurs.

 Un train à vapeur sur voie étroite circule dans le domaine. Mis en service en 2001, il apporte une étonnante touche kitsch : il transforme la demeure aristocratique en parc d’attraction, il fait circuler dans les frondaisons centenaires un matériel ferroviaire ancien contrefait au vingt et unième siècle.

Fleur de magnolia, Exbury Gardens

Guadeloupe : les Saintes

Les Saintes vues de Trois Rivières

Si l’archipel de la Guadeloupe offre aux visiteurs des paysages magnifiques, les Saintes constituent certainement le site le plus spectaculaire.

 Plusieurs îles volcaniques constituent les Saintes, ainsi dénommées par Christophe Colomb qui y débarqua peu après la Toussaint 1493. Deux îles, Terre de Haut et Terre de Bas, sont habitées. La baie qu’elles forment ensemble est réputée l’une des plus belles au monde. La vue depuis le Fort Napoléon est à couper le souffle.

 Les Saintois sont totalement dépendants de ce qu’on nomme ici « le continent », c’est-à-dire Basse Terre. Au débarcadère des catamarans effectuant la liaison avec Trois Rivières, les passagers portent avec eux toutes sortes de marchandises, des écrans de télévision aux couches culottes et aux bouteilles d’eau minérale, qui sont ensuite chargées sur le moyen local de transport : le scooter. L’approvisionnement en eau douce et en électricité est assuré par des conduits sous-marins depuis Basse Terre.

 La principale richesse de l’île est le tourisme. Avec ses boutiques de souvenirs, ses galeries d’art, ses yachts mouillant en rade, Terre de Haut a un air de parenté avec les îles grecques. Mais seules quelques centaines de personnes visitent l’île chaque jour et celle-ci conserve des activités de pêche, d’élevage et de cultures vivrières qui garantissent son authenticité.

Baie des Saintes au crépuscule

Guadeloupe, les Roches Gravées

Roche gravée au parc archéologique de Trois Rivières

Parmi les traces laissées par les peuples qui ont occupé la Guadeloupe et plus généralement les îles Caraïbes, les « roches gravées» sont les plus énigmatiques.

 Le parc archéologique des Roches Gravées à Trois Rivières, au sud de l’île de Basse Terre, présente de curieux dessins gravés dans des roches volcaniques. On pense qu’ils datent de 300 à 400 après JC. L’interprétation de leurs motifs à forme humaine ou animale ne repose que sur des conjonctures. Pour cette raison, la visite guidée par une animatrice jolie et compétente porte davantage sur la botanique que sur l’art précolombien.

 C’est au musée Edgar Clerc, près du Moule, au nord-est de Grande Terre, que l’on trouve des informations sur les peuplements antérieurs à la Conquête. Le musée, ouvert en 1984, occupe un site superbe dans une cocoteraie en bordure de mer. Ce que l’on connait des « indiens » Arawaks et Caraïbes (ce mot a la même origine que « cannibale ») doit davantage aux observations de religieux soucieux de comprendre ce qui était derrière la tête des populations qu’ils étaient chargés de convertir, ne particulier le dominicain Raymond Breton (dictionnaire caraïbe – français, 1665), le jésuite Ignace Pelleprat (1665), le dominicain Jean-Baptiste Labat (1772).

Musée Edgar Clerc, Le Moule

 On sait que les populations locales ont été exterminées en quelques décennies, sous l’effet des épidémies, de l’expulsion de leur territoire et de la répression. Les indigènes caraïbes ne survivent en tant que tels que dans une réserve sur l’île de la Dominique, entre Guadeloupe et Martinique.

 Le peuplement de la Guadeloupe et des autres îles des Antilles est ancien. On peut dire qu’il est préhistorique, au sens de préexistant à l’écriture. Il reste beaucoup à faire pour connaître les peuples qui ont vécu dans ces îles, leurs migrations et leurs cultures.

Guadeloupe, bananeraie à Basse Terre

Bananeraie de la plantation Grand Café de Bel Air, Basse Terre

La visite de la Plantation Grand Café de Bel Air permet de découvrir les stratégies « raisonnées » d’une exploitation agricole tropicale.

 La Plantation Grand Café se situe dans les hauteurs de Sainte Marie, le site où Christophe Colomb débarqua lors de son deuxième voyage en 1493. Malgré son nom, elle est actuellement consacrée à la production de bananes pour l’exportation vers la métropole. Des caféiers vont être plantés prochainement afin d’élargir l’offre de la boutique du domaine.

 Le circuit se compose d’une visite de l’entrepôt de tri et de conditionnement des bananes, un tour commenté de la bananeraie à bord d’une charrette équipée de bancs et remorquée par un tracteur, et enfin la dégustation d’un vin moelleux de banane. Notre guide et conducteur est un passionné de ce qu’il appelle « l’agriculture raisonnée », passant progressivement vers un modèle plus respectueux de l’environnement et plus diversifié.

 

Entrepôt et centre de tri de la banane, Plantation Grand Café

La production de la banane d’exportation vers la métropole présente les caractéristiques les plus extrêmes de l’agriculture capitaliste : utilisation massive de pesticides, monoculture conduisant a l’épuisement des sols, sélection d’un unique produit au mépris de la diversité des saveurs, déconnexion totale entre le producteur et le consommateur, fluctuation du prix de vente sans relation avec le coût de production. Le consommateur français attend un produit d’un gabarit déterminé, mûr et sans tâche. Le produit, arrivé vert à Dunkerque, est stocké et porté maturité dans une mûrisserie. Il y est acheminé dans des navires frigorifiques réfrigérés une fois par semaine, à la température constante de 13ºC. Au domaine, il est trié et traité chimiquement contre les parasites.

 En amont, la bananeraie est organisée de telle sorte que chaque semaine arrive au centre de tri le tonnage de régimes de bananes souhaité, selon la qualité requise par le cahier des charges. Ceci implique un travail constant de surveillance du cycle de 9 mois pendant lequel le bananier se développe. En permanence, les regimes sont taillés pour ne conserver que les bananes au gabarit souhaité et les plants morts sont éliminés pour que se développent les surgeons. La bananeraie fait l’objet d’un contrôle sanitaire par une autorité indépendante qui, en cas de présence de parasites, ordonne le déversement par avion de pesticides. La piste d’aviation, une pente herbeuse face aux alizées, fait partie du domaine mais dessert toutes les exploitations de la région.

 Notre guide nous parle avec passion de la stratégie du domaine pour se rapprocher de l’agriculture biologique. Peu à peu, l’usage d’agents chimiques est supprimé ou limité dans toutes les phases du processus. Un bon exemple est l’alternance des sols entre bananeraie et canne à sucre. La canne à sucre épuise moins les sols. Par ailleurs, les parasites de la banane ne trouvent pas se nourrir avec la canne et disparaissent. En moyenne, l’épandage de pesticides a lieu trois fois par an, contre le double dans d’autres îles des Caraïbes, et tous les efforts sont faits pour en réduire l’utilisation.

 Le Domaine Grand Café n’est pas passé à l’agriculture biologique. Il faudrait sans doute pour cela que le consommateur français soit éduqué à gouter des bananes de calibres et de saveurs différents. Mais il travaille avec des producteurs biologiques dans d’autres pays, notamment Cuba, avec pour objectif de tendre progressivement vers un modèle de production plus sain. Le passage se fait progressivement, par étapes. Ce qui est remarquable, c’est qu’il répond à une stratégie à dix ans, murement réfléchie et, comme le dit notre guide, « raisonnée ».

Piste de l'aérodrome de la Plantation Grand Café