L’Abbatiale Saint Pierre de Moissac

L’Abbatiale Saint Pierre de Moissac, entre Montauban et Agen, présente des merveilles de l’art roman.

 Le portail sud de l’Abbatiale présente un remarquable tympan, inspiré de la vision du retour du Christ selon l’Apocalypse de Saint Jean. Le christ en majesté est entouré des symboles des quatre évangélistes (l’homme de Matthieu, le taureau de Luc, le lion de Marc et l’aigle de Jean) et des vingt-quatre vieillards. Continuer la lecture de « L’Abbatiale Saint Pierre de Moissac »

La Cathédrale Saint André de Bordeaux

Nous avons eu l’opportunité de visiter la Cathédrale Saint-André de Bordeaux, guidés par une bénévole de l’association « Ars et Fides ».

 « Ars et Fides » est une association qui entend présenter l’art (Ars) dans le contexte de foi (Fides) d’un monument religieux spécifique. Ses bénévoles cherchent à exprimer « l’âme » d’un monument, le mouvement spirituel qui a pris la forme d’œuvres d’art grâce à des techniques architecturales, sculpturales ou picturales.

 Notre guide est une femme du troisième âge qui, mue par son enthousiasme et une énergie peu commune, nous maintient en haleine malgré la froide humidité de la Cathédrale pendant deux bonnes heures. Elle nous explique l’histoire de l’édifice, dont on reconnait le soubassement roman datant du 11ième siècle et les modifications dans le style gothique au cours des trois siècles suivants. Continuer la lecture de « La Cathédrale Saint André de Bordeaux »

Agnosticisme

 

Reconstitution de la Passion du Christ à Chimayo, Nouveau Mexique. Photo « The Guardian »

Dans The Guardian du 29 mars, jour de la célébration par les Chrétiens du Vendredi Saint, l’écrivaine britannique Roz Kaveney expliquait sa position d’agnostique.

 « Comme beaucoup de non-croyants, je me rappelle la foi, et pas seulement le Vendredi Saint. Je me souviens de l’agréable marmonnement de la liturgie, l’odeur de talc ou la transpiration alcoolisée de la personne agenouillée à côté de moi, le poids que l’absolution retirait et le goût crayeux de rédemption sur ma langue. Je me rappelle du délice hébété des méditations sur l’éternité – jusqu’à ce qu’un jour il devint plus simple et plus clair de ne pas croire en des choses parce qu’elles étaient impossibles, mais d’accepter simplement qu’elles étaient de l’embrouille intellectuelle. Ce n’étaient pas seulement mes propres luttes avec la sexualité et mon identité de femme – c’était la souffrance que je voyais les dogmes religieux infliger partout. La foi était en train de briser mon cœur, mais la foi se brisa d’abord. »

 Les contradictions entre les convictions éthiques des croyants et leurs comportements ne suffisent pas à disqualifier la foi, pas plus que les horreurs perpétrées par le fanatisme religieux. Pour Roz Kaveney, la difficulté réside dans le concept même de texte révélé. Qu’un texte écrit à un moment historique et dans un contexte social déterminés, dans un langage souvent poétique avec une claire intention poétique, puisse être la déclaration infaillible de l’esprit d’un dieu éternel représente un saut de foi trop grand pour beaucoup de gens.

 L’auteur appelle à une position modeste. Il faut accepter l’incertitude : nous ne disposons pas, et ne disposerons jamais, d’un langage adéquat pour parler de la transcendance. Il nous faut vivre généreusement avec les autres et créer du beau comme si des choses meilleures étaient vraies. C’est ce qu’on appelle agnosticisme.

Pape François

 

Le pape François arrive à Santa Maria Maggiore. Photo The Guardian.

 

La presse française n’a pas toujours fait preuve de subtilité lors de l’élection du pape François (premier).

Le 14 mars, Sud-Ouest nous apprend ainsi que « Jorge Mario Bergoglio a coiffé sur le poteau les grands favoris, malgré son âge, 76 ans ». Le conclave est présenté comme une réunion hippique où s’affrontent les ambitions débridées de jeunes jockeys aux dents longues : Angelo Scola, toque blanche casaque pourpre, Christoph Shönborn, toque blanche casaque pourpre, l’Argentin Leonardo Sandri, toque blanche casaque pourpre en tête du peloton de 115 concurrents. Le film « habemus papam » de Nanni Moretti, qui montre le pape nouvellement élu, joué par Michel Piccoli, s’enfuir du Vatican terrorisé par l’énormité de la tâche, est probablement plus proche de la vérité. Il semble que le Cardinal Bergoglio ait demandé aux Cardinaux de ne pas voter pour lui pendant le conclave qui, en 2005, avait finalement élu Ratzinger.

Dans la même édition, Sud-Ouest titre « François, le pape « du bout du monde » ». Le journal semble en être resté à l’époque de la marine à voile, lorsqu’il fallait des semaines de navigation pour joindre Buenos Aires. L’Argentine de Cristina Kirchner et Jorge Mario  Bergoglio est certainement plus proche des lecteurs de « transhumances » que les habitants de certains quartiers de Montfermeil ou beaucoup de détenus des prisons françaises.

Il faut aller au-delà de l’image hippique et de l’exotisme austral. L’homme qui a été élu à la tête de l’Eglise catholique traîne comme un boulet l’attitude de l’institution pendant la féroce dictature militaire. Dans Le Monde du 14 mars, le sociologue des religions Michael Lowy écrit : « A l’époque de la dictature militaire en Argentine, qui a fait de 1976 à 1983 des dizaines de milliers de morts et de disparus — dix fois plus que sous la dictature militaire d’Augusto Pinochet au Chili—, Jorge Mario Bergoglio s’est distingué par une grande discrétion. Il n’a émis aucune condamnation ni même aucune critique de la dictature. Pire, Jorge Mario Bergoglio était le supérieur de l’ordre des jésuites et a, à ce titre, retiré, en mai 1978, la licence religieuse à deux jésuites qui avaient pris des positions très engagées sur les droits des pauvres. Peu après, ces deux jésuites, ayant perdu la protection de l’Eglise, ont été arrêtés et torturés dans la sinistre école militaire ESMA. On a accusé Bergoglio d’avoir dénoncé ses deux anciens collaborateurs aux militaires, mais il a toujours réfuté cette accusation. Le fait reste qu’en retirant le soutien de l’Eglise, il a permis aux militaires d’intervenir. » Après l’élection du pape François, on peut s’attendre à ce que son rôle durant cette période fasse de nouveau l’objet d’investigations.

Le point positif de cette élection est le choix même du nom « François » en référence à Saint François d’Assise. L’adoption d’un style plus humble trouvera vite ses limites. Ratzinger était lui-même un homme austère, non un enthousiaste des dorures du Vatican. Lorsqu’il s’agira de voyager, le pape utilisera comme ses prédécesseurs hélicoptères et voitures blindées. On peut penser que le patronage de Saint François d’Assise augure un engagement plus net de l’Eglise Catholique dans la défense de la « création » dans la mouvance écologiste. La contribution de l’Eglise dans ce domaine serait probablement plus utile et appréciée que les batailles d’arrière garde dans le champ de la sexualité.