En Grande-Bretagne aussi, le « mariage pour tous »

En Grande Bretagne comme en France, le Gouvernement s’apprête à faire voter une loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe.

 Dans The Guardian du 28 décembre, Tom Clark et Andrew Sparrow indiquent que l’opinion publique britannique, réticente en mars, est aujourd’hui franchement favorable au « mariage gay ». Un sondage commandé par The Guardian révèle que 62% des sondés s’expriment en faveur (31% contre) alors qu’ils étaient seulement 45%  il y a neuf mois (36% contre). Le changement spectaculaire d’opinion est particulièrement sensible chez les électeurs « Tory » (conservateurs) : ils étaient 35% à approuver le mariage gay en mars et 50% à le désapprouver ; ils sont maintenant 50% à l’approuver et 42% à le désapprouver.

 Le principal clivage dans l’opinion suit les tranches d’âge. Les sondés de plus de 65 ans sont hostiles au mariage gay à 58% (37% seulement sont favorables). Toutes les autres tranches d’âge sont favorables, avec une pointe d’approbation à 77% chez les 18 – 24 ans.

 Comme en France, les églises se sont élevées contre le projet de loi. Le primat de l’Eglise Catholique, Vincent Nichols, a souligné que la réforme n’était pas inscrite dans les programmes des partis et n’avait pas fait l’objet d’un livre blanc. L’Eglise Anglicane qui, en tant que religion officielle, célèbre des mariages qui ont une valeur à la fois religieuse et civile, a été placée hors du périmètre de la loi et ne sera donc pas obligée de célébrer des mariages de personnes de même sexe.

 Les différences entre la France et la Grande Bretagne sautent aux yeux. Outre Manche, c’est un gouvernement conservateur qui va faire passer cette réforme de société ; en France, il a fallu attendre une alternance de gauche. En Grande Bretagne, on parle du « mariage gay », en France du « mariage pour tous » : la valeur de l’égalité est plus prégnante de ce côté-ci du Channel. En Grande-Bretagne, le débat ouvert par la loi a convaincu un grand nombre d’indécis de son bien-fondé. En France, le soutien au « mariage pour tous » semble s’effriter à mesure que s’approche le vote au Parlement. Et le débat sur la procréation assistée semble cantonné à ce côté-ci de la Manche.

(Photo « The Guardian »)

Bonne année 2013 !

« Transhumances » souhaite à ses lecteurs une année 2013 de lucidité et de détermination.

 Dans cette photo publiée par The Guardian, la photographe Virginie Nguyen Hoang rend palpable la détermination de jeunes manifestants d’Alep, en Syrie. Ils savent les dangers immédiats qu’ils encourent, et ils pressentent sans doute aussi les difficultés à  venir après la victoire. Ils sont fatigués mais déterminés à faire entendre leur voix.

 En France, les incohérences du gouvernement issu des élections de mai montrent combien il est compliqué de construire une politique pertinente et constante dans un monde qui change de manière accélérée. L’humeur est au désenchantement. Puissions-nous retrouver l’espoir, la rage de s’en sortir et la volonté d’aller de l’avant quoi qu’il en coûte qui animent les jeunes d’Alep et d’ailleurs dans le monde.

 C’est le vœu que je formule pour vous-mêmes, vos familles et vos amis pour cette année nouvelle !

Joyeux Noël !

Ces grains de café séchant au soleil au Domaine du Café Brûlé, à la Réunion, connaissent une nouvelle naissance.

 Ils appartenaient au caféier, se nourrissaient de sa sève, en prolongeaient les branches. Ils étaient durs et compacts dans le feuillage fluide. Ils se préparent à une nouvelle vie. Torréfiés et moulus, ils vont entrer dans l’intimité des humains. Café des encyclopédistes et des philosophes. Café noir qu’on prend près du percolateur. Café qu’une infirmière obtient d’un distributeur pour se maintenir éveillée une nuit de veille. Café partagé entre amis après un bon dîner. Café du petit déjeuner, avec des croissants et des chocolatines. Café de l’étudiant révisant un examen. Café noir de l’écrivain luttant avec la page blanche.

 « Transhumances » souhaite à ses lecteurs un Joyeux Noël 2012. Puissent-ils faire de chaque instant de leur vie une Nativité, mettant au monde goutte à goutte un univers chaleureux et corsé.

(Photo « transhumances »)

Agriculture biologique dans le Cirque de Salazie

Sergio Victoire. Photo www.agriculture.gouv;fr

Sous le titre « une âme de défricheur », le Quotidien de la Réunion a consacré le 8 décembre un article à Sergio Victoire, 45 ans, agriculteur dans le Cirque de Salazie et président du Groupement d’approvisionnement des agriculteurs d’Hell-Bourg. Sergio est devenu, depuis quelques années, un pionnier de l’agriculture biologique. Son exploitation a été citée en exemple par EcophytoPIC, le portail du Ministère de l’Agriculture pour la protection intégrée des cultures pour produire autrement en limitant l’usage des produits phytosanitaires.

 Citons l’article d’EcophytoPIC. « Sergio Victoire est un chanceux. Dans les années 1990, il implante son exploitation maraîchère au cœur du Cirque de Salazie, poumon vert de la région, vallée luxuriante idéale pour la culture de bananes et de chouchous (aussi appelé cristophine ou chayotte). Un cadre de travail pour le moins idyllique, où le cultivateur a longtemps mené une agriculture intensive.

 Contre la mouche des légumes

 « Lorsque ma génération a débuté dans la profession, la règle était de produire à tout prix, de désherber massivement les parcelles pour un meilleur rendement », se souvient Sergio Victoire. « Mais nous avons abusé de ces techniques. Aujourd’hui, j’ai pris un virage radical dans ma façon de produire. »

 Un virage que l’agriculteur opère fin 2009, persuadé qu’il existe des méthodes alternatives à l’utilisation de produits phytopharmaceutiques, meilleures pour la santé humaine et pour l’environnement.

 « Cette année-là, je me suis lancé dans un essai avec le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique et pour le développement) et j’ai suivi le projet Gamour (Gestion agroécologique des mouches des légumes à la Réunion), pour maîtriser les mouches des légumes. »

 En pondant leurs œufs dans les chouchous, les mouches des légumes peuvent détruire jusqu’à 60% des récoltes. Elles sont un véritable fléau sur les exploitations légumières de l’île. Une des techniques du projet Gamour consiste à isoler les chouchous infestés dans une tente, pour éviter que les œufs qui y sont pondus ne donnent naissance à des centaines de mouches. De cette tente, les mouches ne peuvent pas sortir mais des auxiliaires de culture (des petites guêpes, surtout), sont capables d’y entrer et de détruire les larves.

 Une méthode qui donne un second souffle à tout l’écosystème de l’exploitation : dans le but de faire revenir les auxiliaires de culture, Sergio Victoire a arrêté de désherber sous les treilles. En préférant un enherbement naturel maîtrisé, il aide les sols à se repeupler et ralentit leur érosion. Aujourd’hui, au bout de trois ans, le maraîcher a réussi à éliminer 95% des mouches qui piquent sur son exploitation ; il n’utilise plus aucun pesticide et espère obtenir un agrément d’agriculture biologique courant 2013. »

 Innovation

 Dans Le Quotidien de la Réunion, Mady Lebeau évoque la personnalité de « défricheur » de Sergio Victoire. Il organise des voyages d’étude. Il y a une quinzaine d’années, il ramène d’un de ces voyages des techniques pour améliorer la culture de la pêche. Salazie produit alors des centaines de tonnes de ce fruit. Mais les arbres vieillissent, il faut les arracher pour laisser la terre se reposer.

 D’un voyage d’études dans le sud de la France et en Espagne, il ramène la culture sous serre. « C’est aujourd’hui la nouvelle vague dans le cirque. En sept ans, nous avons multiplié les cultures sous abri. De la tomate et des fleurs. Nous avons désormais, facilement, cinq hectares de serres ».

 « Cette passion de l’expérimentation ne le quitte plus. Seul, il a lancé des vergers de kaki. Il l’a découvert en Australie. Ses 1.800 pieds arrivent en production. Il pousse ses adhérents vers la culture hydroponique (hors-sol) du cresson pour cesser la pollution des ravines. Il vise le fruit de la passion qui trouve à Salazie une terre de prédilection. Il pense à un élevage de cervidés pour désherber naturellement les vergers. »

 Le Quotidien cite Sergio Victoire : « Zot va arrête dire que le ti yab des hauts lé au chômage. Cèt y vive dans zot cube de béton en bas, y faut zot y reconnaît que c’est nou y donne à zot manger. Et in manger de qualité ». (Vous allez arrêter de dire que le plouc des hauts est au chômage. Si vous vivez dans votre cube de béton dans les bas, vous devez reconnaître que c’est nous qui vous procurons la nourriture. Et une nourriture de qualité).