Société31 décembre 20170Enfances

Les Archives départementales de la Gironde présentent, jusqu’au 30 mars 2018, une passionnante exposition intitulée « Enfances, grandir de la renaissance au baby-boom ».

L’essentiel de l’exposition est constitué de documents d’archives : manuscrits, affiches, photographies. Une illustratrice, Larra Mendy, a créé un théâtre d’ombres qui illustre les chapitres mis en évidence : la santé, le travail, l’éducation, la punition des enfants ces derniers siècles en Gironde.

L’exposition s’ouvre par une citation du Girondin François Mauriac, daté du 4 avril 1935 : « l’enfance est ce qui compte le plus dans une vie. C’est un capital de joie, d’émerveillement, de pureté, sur lequel il faudra vivre jusqu’à la mort ».

La section de l’exposition consacrée à la santé

Plusieurs sections de l’exposition évoquent pourtant des enfances douloureuses. L’une d’entre elles est consacrée au travail des enfants. Ce n’est qu’une loi du 21 mars 1841 qui interdit le travail des enfants de moins de 8 ans, limite à 8 heures par jour celui des enfants de 8 à 12 ans et à 12 heures par jour celui de ceux de 12 à 16 ans. Le principe de l’instruction obligatoire et gratuite, prévue par l’article1 de la Constitution de 1791, ne deviendra réalité que près d’un siècle plus tard avec la loi Ferry.

Une autre section évoque l’abandon des enfants. Sur la façade de l’hôpital de la Manufacture avait été installée en 1717 « la boëtte », la boîte, en réalité un tourniquet dans lequel était placé l’enfant qu’on voulait abandonner. Une cloche permettait d’alerter la sœur chargée de le recueillir.

Registre des enfants trouvés

L’exposition présente le registre des admissions. L’enfant abandonné y est décrit ; souvent un mot de recommandation (son prénom, sa qualité de baptisé) est mentionné ; parfois un objet tel qu’un morceau de tissu est accroché de manière à permettre ultérieurement une reconnaissance. Dans une vitrine est présenté l’acte d’adoption d’un enfant prénommé Pierre par un couple sans enfant, Baptiste Lacheze et Jeanne Castain ; l’acte porte la date du 8 décembre 1848 et est établi par le notaire royal Arnaud Grenier.

Dans la section consacrée à la santé, l’exposition évoque la station climatique du Moutchic, sur le territoire de Lacanau, créée en 1920 pour accueillir des enfants malades, les garçons de 2 à 10 ans, les filles de 2 à 15 ans.

Acte notarié d’adoption de l’enfant Pierre, le 8 décembre 1648

Un panneau est consacré au goûter qu’offrit François Mauriac dans son domaine de Malagar à des enfants d’exilés républicains espagnols le jeudi 24 août 1939. Le cahier qu’ils offrirent à leur hôte en hommage est touchant.

Enfin, j’ai été frappé du destin du château de Cadillac. Maison centrale pour femmes en 1818, il devint « maison pénitentiaire pour filles » en 1898 et « école de préservation » pour mineures délinquantes en 1905, puis prison pour filles en 1936 : un rapport au préfet en date du 29 juin de cette année là décrit l’arrivée des 36 premières pensionnaires de l’établissement.

L’exposition n’a pas, pour le moment, fait l’objet de l’attention de la presse ni des médias régionaux. C’est dommage : elle mérite la visite. Et elle est gratuite.

L’école de préservation de Cadillac, vers 1905

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