Cinéma15 septembre 20160Éternité

Dans « Éternité », le réalisateur Tran Anh Hung propose une méditation sur la maternité en donnant à voir des tranches de vie de femmes appartenant à deux générations.

Le fil personnage central du film est Valentine (Audrey Tautou), amoureuse et épouse de Jules dont elle a plusieurs enfants. Nous partagerons des moments de sa vie pendant plus d’un demi-siècle, la joie de son mariage, les instants de pur bonheur aux côtés de son mari, les séparations, les arrachements, les deuils.

La fille de Valentine, Mathilde (Mélanie Laurent), connait, elle aussi, le bonheur avec Henri (Jérémie Renier), qu’elle a aimé depuis l’enfance. Cousine de Mathilde, Gabrielle (Bérénice Béjo) s’est mariée par convenance avec un homme maladivement timide, Charles (Pierre Deladonchamps), mais peu à peu ils apprennent à s’aimer : « l’amour n’est pas donné », dit Charles.

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Comme Valentine, Mathilde et Gabrielle mettent au monde de nombreux enfants. Mathilde meurt en couches et laisse Henri inconsolable. Charles ne revient pas d’une nage dans les calanques, et Gabrielle sent le ciel s’abattre sur elle. Les enfants grandissent, la mécanique du temps tourne sans relâche. Une éternité.

Le beau texte d’Alice Fernez, dont le roman « l’élégance des veuves » a inspiré le film, sert de fil conducteur poétique à cette saga dans laquelle les années passent inexorablement mais dont les souvenirs se fixent dans la mémoire avec une lente pesanteur. Le réalisateur, Tan Anh Hung, insiste sur le rôle de la musique, principalement du piano : « comme les images de ce film ne sont pas faites pour raconter une histoire mais pour créer un flot de situations esquissées, entrainé par le temps inexorable, j’ai découvert que certains morceaux de musique que j’ai utilisés avaient un rôle « narratif » et épousaient de près l’intériorité des personnages. »

Le contexte du film est la grande bourgeoisie de la Côte d’Azur. les personnages n’ont aucun souci d’argent, on ne connaît rien de leur métier, ils se meuvent comme dans un éther, planant dans l’amour ou écrabouillés par le deuil. Ce film déroutant constitute une ode à l’éphémère et un hymne aux mères qui, portant leurs enfants, portent aussi l’humanité d’une génération à l’autre.

J’ai particulièrement aimé la scène où Mathilde encore enfant, propose à Henri, adolescent, une promenade à bicyclette. Il ferme les yeux, elle lui offre ses mains comme guidon, elle souffle dans son visage comme la brise de vitesse. Ce moment du film est magique.

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