Le musée Jacquemart-André, à Paris, présente jusqu’au 26 janvier 2026 une exposition intitulée « Georges de La Tour entre ombre et lumière ».
Georges de La Tour (1593-1652), qui est né, a vécu et est mort en Lorraine, à une époque marquée par la guerre.
Dans « Connaissance des arts », Éric Tariant rappelle que la guerre de Trente Ans (1618-1848) ‘fut la plus meurtrière de toute l’histoire européenne. Le continent est emporté dans des violences sans précédent : pillages, massacres et dévastations se conjuguent aux épidémies. L’Europe centrale est ruinée. L’Allemagne, qui déplore au moins cinq millions de morts, abaissée. » En 1636, l’atelier du peintre à Lunéville fut détruit.
La guerre a nécessairement imprégné l’œuvre du peintre lorrain. Une autre influence s’est avérée décisive, celle du Caravage, son contemporain, né près d’un quart de siècle avant lui et mort en 1610, et dont l’œuvre a très vite été connue dans toute l’Europe. Georges de La Tour a appris du Caravage la technique du clair-obscur, qu’il utilisera dans ses nocturnes, avec des personnages éclairés à la bougie. Il prendra aussi de lui la figuration de personnages bibliques comme des humains intensément présents dans leurs corps, dénués des auréoles et halos qui les entouraient dans l’imagerie religieuse médiévale.
L’affiche de l’exposition reproduit la toile « le nouveau-né ». Une mère tient son bébé emmailloté à la lueur d’une chandelle, alors qu’une femme plus âgée les observe. On peut y voir une scène de nativité, avec Marie, Jésus et Anne, mais la référence n’est qu’implicite. Ce qui frappe dans ce tableau, c’est la sérénité des personnages. Il s’en dégage une force mystique, comme pour narguer la violence qui rôde.
Plusieurs tableaux diurnes sont aussi présentés dans l’exposition. J’ai aimé la salle intitulée « le peintre des infortunés », en particulier un tableau intitulé « les mangeurs de pois ». On lit dans le flyer de l’exposition : « loin du pathos ou de la caricature que d’autres artistes réservent aux pauvres, La Tour leur confère une dignité silencieuse, captant sans jugement la vérité de leur existence. »
L’exposition est distribuée sur huit salles, occupant 200m² au total. La foule se presse, rendant la visite malheureusement inconfortable.

