Dans « Ingeborg Brachmann, d’un désert à l’autre », Margarethe von Trotta propose un portrait de la plus grande poétesse autrichienne, de sa rencontre avec Max Frisch en 1958 à sa rupture quatre années plus tard.
Lorsqu’elle rencontre l’écrivain suisse Max Frisch (Ronald Zehfeld), Ingeborg (Vicky Krieps) a trente-deux ans. Elle est déjà en pleine gloire. Ils sont irrésistiblement attirés l’un par l’autre, fascinés par la puissance créative du partenaire.
La vie de couple s’avère difficile. Ingeborg est exaspérée par le crépitement de la machine à écrire de Max, qui l’empêche de travailler, telle une Kalachnikov. Elle n’aime pas Zurich, et rêve d’emménager dans « sa » ville, Rome. Max de son côté éprouve une jalousie oppressante face à cette femme libre qui refuse le mariage : un soir, au lieu du dîner, c’est un bouquet de roses rouges qui l’attend. Qui l’a envoyé, pourquoi ?
Ingeborg obtient de se transférer à Rome, où elle vit d’une double culture, germanique et italienne, et où elle traduit l’œuvre du poète Ungaretti. Le couple qu’elle forme avec Max ne survit pas à l’éloignement. Lorsque survient la rupture, c’est pour elle un déchirement.
À l’invitation d’un ami, Adolf Opel (Tobias Resch), Ingeborg part en Jordanie à la découverte du désert. Au désert de l’abandon succède l’ivresse de l’immensité rocheuse sous un soleil intense. Après l’enfermement dans une relation marquée par la jalousie, elle réalise son fantasme : faire l’amour simultanément avec trois hommes jeunes.
Le séjour d’Ingeborg au désert en 1962 marque sa renaissance. Sa vie, néanmoins, sera brève : elle mourra onze ans plus tard à Rome, peut-être d’un suicide.