Art11 décembre 20190JR : le projet Tehachapi

En octobre dernier, l’artiste français JR a créé une œuvre d’art unique au sein de l’établissement pénitentiaire de haute sécurité de Tehachapi, en Californie.

Il s’agit d’une photo en très grand format d’un groupe de détenus dans l’établissement, découpée en 338 bandes de papier ensuite collées sur le sol d’une cour de promenade. Photographiée à son tour depuis un drone, la cour produit un effet surprenant.

Avant de réaliser cette œuvre, JR et son équipe ont récolté « les témoignages, les histoires et portraits d’anciens et d’actuels citoyens incarcérés qui se focalisent sur leur réhabilitation, ainsi que certains membres du personnel pénitentiaire. ». Ces histoires peuvent être obtenues par l’application JR :murals sur Androïd et I-Phone.

« Lorsque je me suis rendu à Tehachapi, je me suis rendu compte que la plupart de ces hommes avaient été incarcérés lorsqu’ils étaient adolescents, entre 13 et 20 ans. Je leur ai parlé de mon projet et j’ai bien précisé que je ne voulais pas savoir ce qu’ils avaient fait. Il y avait eu un procès, ils avaient été condamnés et je ne suis pas leur juge. Cependant, quelques gars ont quitté le projet parce qu’ils trouvaient que leur présence embarrasserait leur famille ou les familles des victimes. »

« On m’avait demandé de ne pas approcher les gars, parce qu’ils n’étaient pas à l’aise avec les interactions, mais lorsque je suis entré je n’ai pas pu m’empêcher de les regarder dans les yeux, de leur serrer la main, de me présenter et de demander leur nom. Simplement parce que les humains font cela. Ils étaient étonnamment reconnaissants pour cela. Beaucoup étaient là en application de la loi des trois délits (three strikes law) ». Cette loi californienne prévoit que la troisième fois qu’un délinquant est condamné pour la même infraction, il est condamné à la prison à perpétuité, quelle que soit la gravité du délit.

JR dit avoir pu réaliser son installation en quelques heures, grâce à la participation enthousiaste des détenus et du personnel de la prison.

« Tranhumances » a évoqué deux fois le travail de JR : en juillet 2016, à l’occasion d’une exposition à la Base sous-marine de Bordeaux ; en août 2017 pour le film « Visages Villages » coréalisé avec Agnès Varda.

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