« Transhumances » a récemment annoncé l’organisation à Bordeaux d’un festival de courts métrages consacré à la réalité carcérale et aux perspectives de la réinsertion. Son titre : « Cour(t)s de prison ».
Le festival s’est tenu le 25 novembre au cinéma La Lanterne de Bègles, dans la métropole de Bordeaux. Plusieurs structures membres du groupe local de concertation prison, organisateur du festival, présentaient leurs activités sur des stands dans l’atrium du cinéma.
Il s’agissait de l’ACAT, Association des Chrétiens pour l’abolition de la torture ; l’ANVP, association nationale des visiteurs de personnes sous main de justice ; Auxilia, association qui propose des formations à distance à des personnes détenues ; Citoyens et Justice, fédération nationale des associations socio-judiciaires ; Le Courrier de Bovet, qui organise de la correspondance avec des personnes détenues ; la Ligue des Droits de l’Homme ; Mai 33 – Le Chalet Bleu, qui accueille les familles de personnes détenues et propose des hébergements temporaires ; Le Relais Enfants Parents Aquitaine, qui contribue à maintenir le lien parent-enfant malgré la détention ; La Visitation 2, qui publie un journal des détenus.

La Librairie bordelaise La Machine à Lire était présente, et Bast, auteur de bandes dessinées, a dédicacé ses ouvrages « En chienneté » et « 17 piges, récit d’une année en prison ».
Cent soixante spectateurs ont pris place dans la grande salle du cinéma. Six courts-métrages, sélectionnés par le jury du festival, ont été projetés, exprimant une grande diversité.
« De retour », film réalisé par Thibault Rossigneux et Émilie Vandenamaeele trouve son origine dans une classe de 1ère STMG du Lycée Suger de Saint-Denis. Il est le résultat d’un projet entre l’Office français de la biodiversité et la compagnie de théâtre « Les sens des mots ». Le script est inspiré d’une rencontre entre des chercheurs, des étudiants et des lycéens. Ils ont été supervisés dans l’écriture et le tournage par une équipe professionnelle. L’histoire démarre quand Ladgi sort de prison …
« La 300ième tête » est un film d’animation réalisé par Olivier Jean et Thierry Cattant. Dans les années 1930, le bourreau a tranché 299 têtes. La suivante devrait être la sienne, son exécution étant observée par 299 visages détachés de leur corps.

« Vache à lait » a été réalisé par Samir Titi et Maël Marmey. écrit avec l’aide des participants de l’atelier cinéma mené à la maison d’arrêt de Bonneville et joué par des comédiens professionnels. Dans une cour de promenade, les détenus se rencontrent, discutent, observent, abordent des « vaches à lait » à qui soutirer une cigarette contre une protection.
« Bluebird », film réalisé par Gaspard Frydman, met en scène un homme enfermé dans un cachot sordide. Il sculpte sur du bois un oiseau. L’oiseau bleu s’envole vers la liberté.
« Le slam de Mélissa » a été réalisé par Vincent Gérard. Mélissa Plaza, ancienne footballeuse professionnelle, doctoresse en psychologie du sport et slameuse, a rédigé et interprété un slam sur les visiteurs et visiteuses de prison. Le slam a été enregistré au sein de la prison des femmes de Rennes. « Transhumances » a rendu compte du livre de Mélissa Plaza, « Pas pour les filles ? ».
« Les jours d’après » est un documentaire de Kristen Durand. À sa sortie de prison, Carl est accueilli par sa famille et ses amis en liesse. Il va lui falloir réapprendre à vivre libre, réinventer sa vie.
Le jury était présidé par Fabrice Gand, médiateur en gestion de conflit et intervenant en milieu carcéral. Les autres membres étaient Bast, auteur de bandes dessinées ; Stéphane Landreau, directeur général de Citoyens et Justice ; Hélène des Ligneris, directrice de la Machine à lire, librairie bordelaise ; Myriam Yahiaoui, comédienne, metteuse en scène et artiste.

Le jury a attribué le prix du Festival Cour(t)s de prison, doté de 500€ au « Slam de Mélissa » en raison de la pertinence du message porté par le film, son originalité et sa créativité, et sa qualité technique.
Par leur diversité et leur qualité, les films projetés ont bien illustré le thème des Journées Nationales Prison 2025 : « Quelle prison pour faire société ? ». Après la projection, un débat s’est engagé entre le jury et la salle. L’émotion était sensible, nourrie par les témoignages portés par les films et la tristesse de voir la prison, gangrénée par les discours sécuritaires et la surpopulation, empêchée de remplir pleinement sa mission de réinsertion.