Notre amie Fabienne Bonnet est décédée le 18 juin à l’âge de soixante-trois ans d’un cancer agressif découvert il y a quelques mois.
« Fabio », comme nous continuerons à l’appeler, appartient au versant réunionnais de notre histoire. Amie de lycée d’une de nos cousines née et grandie à La Réunion, elle a travaillé de nombreuses années sur l’île dans le domaine juridique avant de s’installer en métropole, principalement à Grenoble.
De La Réunion, Fabio connaissait chaque sentier. En 2001, elle nous avait concocté un itinéraire diabolique dans le Cirque de Mafate, marqué par de délicieuses étapes au rhum et au rougail dans des gîtes ruraux, mais aussi par de longues marches et des dénivelés vertigineux. Elle aimait les grands espaces, les falaises en à-pic, les fragrances de corbeilles d’or, l’ombre des tamarins et les goyaviers que l’on cueille en juillet.
Nous l’avons toujours connue un appareil photo à la main. Il fallait la prier pour qu’elle tire un portrait. Ce qui la fascinait, c’était la beauté intrinsèque, géométrique, des choses. Ses images, inspirées de paysages de mer ou de montagne, étaient retravaillées pour tirer vers l’abstrait. Elle avait, avec les gens, ce mélange de proximité et de distance qui caractérise une artiste.
Fabio attachait beaucoup d’importance à l’image, celle qu’elle fabriquait par la technique photographique mais aussi, lorsque la maladie a commencé à déformer son corps, sa propre image. Elle ne souhaitait pas donner aux personnes qu’elle aimait un souvenir détérioré. Ce désir s’enracinait dans son idéal de beauté. Il visait surtout à éviter à ses proches la tristesse et l’apitoiement. En novembre dernier, elle avait différé l’annonce de sa maladie pour nous laisser profiter sereinement d’un séjour dans sa chère Réunion.
Un mot caractérise Fabio pendant les dernières semaines de sa vie : la dignité. Elle a regardé la mort en face, en a fait son affaire, un ultime défi après tous ceux qu’elle avait affrontés. Sa détermination à ne pas subir passivement son destin mais à en être actrice s’inscrit dans le droit fil de ce qu’a été sa vie. Nous nous rappelons sa vitalité, son sourire, ses éclats de rire, son envie d’essayer des choses nouvelles. Je me souviens d’un baptême en parapente, depuis les Colimaçons à la plage de Saint-Leu à la Réunion : « j’aime être bousculée », avait-elle dit.
Nous perdons une amie, une confidente avec qui nous échangions sur les réseaux sociaux des impressions de spectacles, de films ou d’expositions, et bien sûr des instantanés de voyages, à La Réunion ou ailleurs. Nous ressentons bien sûr une immense tristesse, mais surtout de la reconnaissance. Merci Fabio pour ce goût de la vie que tu nous as infusé, et que nous garderons pour toujours dans nos cœurs. Merci !
Je n’ai pas connu Fabienne, mais j’ai toujours entendu parler d’elle dans la famille Grenier. Merci Xavier pour ce portrait de votre amie. Continuez à parler d’elle, à partager ce que vous avez vécu avec elle. Elle reste vivante dans vos cœurs. Je me joins à vous dans ces moments d’immense tristesse. Bien affectueusement à tous.