HistoireThéâtre19 juin 20200Montaigne voyage en Italie

Le théâtre de la Manufacture de Nancy a produit en 2019 « Voyage en Italie », une pièce mise en scène par Michel Didym à partir des Essais et du journal de voyage de Montaigne.

Michel de Montaigne avait 47 ans et venait de publier la première édition de ses Essais lorsqu’il quitta son château, le 22 juin 1580.

La première étape fut Paris, pour présenter son livre au roi. Sa destination était Rome, où il resta 5 mois.  Son itinéraire à l’aller : Bâle, Baden, Augsbourg, Munich, Innsbruck, Trente, Venise, Bologne, Florence. Au retour, Milan, Turin, Chambéry, Lyon, Limoges. Au total, 17 mois et 8 jours de pérégrinations sans vraiment de plan défini, avec comme boussole la curiosité des pays et des hommes.

Le décor de la pièce de Michel Didym évoque un bivouac : un arbre à l’ombre duquel on se protège du soleil, un feu de camp qui réchauffe la nuit. Trois personnages : Michel de Montaigne (Luc-Antoine Diquéro), son secrétaire (Bruno Ricci), son palefrenier (Loïc Godec). Et aussi un cheval, Réal, et une poule, Barcelonnette, véritables personnages silencieux de cette errance pas à pas.

Montaigne observe. À Plombières, il prend les eaux et s’étonne que les curistes prennent plusieurs bains par jour, alors que peu de ses concitoyens se lavent le corps quotidiennement. En Bavière, il s’émerveille du nombre de couples mixtes catholiques/huguenots, alors que la France est mise à feu et à sang par les guerres de religion. À Rome, il décrit avec humour l’audience par le pape : trois génuflexions avant d’avoir de droit de poser deux genoux à terre et d’embrasser le pied du Pontife.

Il décrit, épouvanté, l’exorcisme pratiqué sur une femme « possédée ». Il raille les prélats qui intériorisent leur statut jusque dans leur foie et leurs reins, et se sentent prélats jusque dans le cabinet d’aisance.

Montaigne souffre fréquemment de coliques néphrétiques. Il observe les progrès du mal, la manière dont son esprit tente de prendre le contrôle. Ce n’est pas la maladie qui l’empêchera de profiter du voyage : « je me promène pour me promener », écrit-il. « Tu ne meurs pas parce que tu es malade ; tu meurs parce que tu es vivant ».

« Voyage en Italie » constitue un bel hommage à Montaigne. Tout dans la pièce, les textes choisis, le jeu des acteurs, la scénographie mettent en valeur un homme qui considérait en tout homme son compatriote et qui embrassait de la même manière un Polonais et un Périgourdin.

 

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