Dans « Nino », son premier long-métrage, la réalisatrice Pauline Loquès emmène le spectateur sur les talons d’un jeune homme qui apprend qu’il souffre d’un cancer de la gorge.
Lorsque Nino (Théodore Pellerin) se trouve face à une oncologue (Victoire Du Bois) qui tente de lui faire comprendre qu’il est atteint d’un cancer de la gorge et qu’il est prioritaire pour un traitement lourd, il se sent à la dérive, noyé par le jargon médical. On est vendredi. Il sort avec deux missions à accomplir pendant le weekend : recueillir un échantillon de sperme pour préserver ses chances de paternité si le traitement le rend stérile ; convaincre un proche de l’accompagner à l’hôpital le lundi matin.
Rentré chez lui, Nino se rend compte qu’il a perdu les clés de son appartement (comme de sa vie). Se serait-il retranché chez lui s’il y avait eu accès ? Il est ambivalent : il se laisserait volontiers porter passivement par les événements ; mais il a aussi l’énergie pour provoquer des rencontres, et sa situation de sans-abri provisoire le pousse dehors.
Son errance l’amène chez sa mère (Jeanne Balibar), à qui il n’ose pas révéler son cancer, et qu’il interroge sur la naissance (la sienne) et la mort (celle de son père). Il participe à une fête d’anniversaire déchaînée chez son ami Sofian (William Lebghil). Aux bains publics, il rencontre un veuf (Mathieu Amalric), qui lui parle d’amour.
Surtout, il rencontre par hasard Zoé (Salomé Dewaels), une ancienne camarade de classe qui élève seule un petit garçon. La paternité a pris place parmi les préoccupations de Nino depuis qu’il sait qu’il risque de devenir stérile.
« Nino » est un film tout en délicatesse, dans lequel les personnages se heurtent les uns aux autres par leurs maladresses. Le jeune homme sidéré par la maladie traverse le weekend avec une apparence d’indifférence. En réalité, il se rend disponible pour de vraies rencontres. Dans l’épreuve qu’il traverse, c’est cela qui pourrait le sauver.