CinémaJustice9 décembre 20170Ombline

« Ombline », film de Stéphane Cazes (2012) a été projeté à Saint-Denis de La Réunion dans le cadre des journées nationales prison.

Ombline Maurin (Mélanie Thierry), une jeune femme de vingt ans, se trouve jetée en prison pour avoir grièvement blessé un policier venu arrêter son compagnon. Ce dernier est mort en tentant de s’enfuir.

Ombline se sent écrasée par une fatalité du malheur. Son père purge une longue peine et elle a rompu avec lui. Sa mère est morte quand elle était petite. Elle a vécu, malheureuse, de foyer en foyer.

Elle se découvre enceinte. L’enfant n’est pas désiré, mais elle lui donne un nom que son compagnon et elle avaient choisi pour si un jour ils avaient un fils : Lucas. La naissance d’un enfant en prison est compliquée. Pour être transportée à la maternité, il faut appeler la surveillante, qui appelle la cheffe, qui appelle la directrice. La parturiente est menottée. La prison n’est pas le lieu le plus serein pour élever un bébé.

Ombline ne supporte pas les contraintes que la prison fait peser sur son fils, le bruit infernal nuit et jour. Elle agresse des surveillantes. Mitard. Le juge des enfants menace de lui retirer son enfant. La violence est partout, celle de l’institution sur les détenues, celle que les détenues exercent entre elles. Celle du parloir fantôme, celui auquel l’amie qui a promis d’emmener Lucas au zoo ne se présente pas.

Il y a cependant aussi l’amitié entre détenues, celle qui remonte le moral, celle qui garde Lucas pendant qu’Ombline travaille aux services généraux. Il y a les bénévoles de l’activité marionnettes, qui lui permettent de produire de ses mains des objets qu’elle offre à Lucas et de prendre, peu à peu, confiance en ses capacités.

Il y a l’homme et la femme âgés, des « riches » qui s’expriment avec l’onctuosité des dames patronnesses, mais qui font preuve d’un vrai désintéressement. Lorsque viendra l’heure déchirante de la séparation, car Lucas ayant atteint 18 mois ne peut plus rester en prison avec sa maman, ils offriront leur amour au petit garçon et donneront à sa mère des nouvelles chaque semaine.

La naissance de Lucas brisera-t-elle la malédiction familiale, qui d’abandons en galères mène à la déviance et à la prison ? Ombline veut y croire, qui ne cesse de lire et de relire à son fils l’histoire de Noé : après le déluge, il retourne sur la terre ferme pour tout reconstruire.

J’ai aimé le film de Stéphane Cazes. Certains traits sont forcés, en particulier la rudesse confinant à la méchanceté des surveillantes à l’arrivée d’Ombline en prison. Elles sont au contraire entraînées à faire preuve de douceur avec les arrivantes, en particulier pour réduire le risque de suicide. Mais « Ombline » est l’un des films les plus intéressants réalisés sur la prison ces dernières années. L’interprétation de Mélanie Laurent est d’une grande intensité.

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