Réparer les Vivants

Le bouleversant roman de Maylis de Keragal, « réparer les vivants » (Verticales, 2014), raconte le prélèvement d’organes sur le corps d’un jeune homme décédé dans un accident de voiture et les abîmes qui s’ouvrent sous les pas de ses proches.

A un premier niveau de lecture, le livre décrit une procédure chirurgicale avec une précision clinique. Comment Simon Limbres, 19 ans, est déclaré en état de mort cérébrale. Comment le médecin réanimateur et l’infirmier coordinateur des prélèvements d’organe cherchent à obtenir le consentement de ses parents à ce que ses reins, ses poumons et son cœur soient prélevés de son corps et greffés dans le corps de malades dans plusieurs villes de France. Continuer la lecture de « Réparer les Vivants »

A bout de souffle

La chaîne de télévision Arte a récemment diffusé « à bout de souffle », film de Jean-Luc Godard (1960), avec dans les rôles principaux Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg.

 Michel (Jean-Paul Belmondo) est un homme traqué. La police est à ses trousses en raison de ses méfaits dans le grand banditisme et parce que, dans sa fuite, il a abattu un gendarme. Il a besoin de quelques heures, ou de quelques jours, à Paris pour récupérer un magot qui lui permettra de fuir en Italie. Continuer la lecture de « A bout de souffle »

Tonnerre

Le premier long-métrage de Guillaume Brac, « Tonnerre » raconte une histoire d’amour, de trahison et de pardon passionnée, dans une petite ville de Bourgogne.

 Tonnerre est une petite ville près d’Auxerre, tassée ou lovée dans un vallon entouré de collines. La part sombre d’elle-même, ce sont les souterrains occupés aujourd’hui par des boîtes de nuit et qui furent autrefois cachots et chapelles de messes noires. C’est aussi un lac sombre du Morvan, environné de forêts saisies par la neige. La part lumineuse, ce sont des routes à flancs de coteaux où Claude (Bernard Menez) pédale dans un décor beau et paisible. Continuer la lecture de « Tonnerre »

L’élégance du hérisson

France 2 a diffusé au début janvier le beau film de Mona Anache, « le Hérisson » (2009) qui mettait à l’écran « l’élégance du hérisson », roman publié trois ans plus tôt par Muriel Barbery dont voici une notre de lecture.

 Paloma Josse est une gamine parisienne surdouée qui vit sa vie de famille comme un enfer. Son père, député de gauche caviar, lui apparait comme un être insignifiant et lâche. Sa mère arbore comme un triomphe ses dix ans de psychanalyse. Et surtout, sa grande sœur Colombe, par sa superficialité et sa conformité aux préjugés de son monde, représente tout ce qu’elle abhorre : « chaque jour je me dis que ma sœur ne peut pas s’enfoncer plus profondément dans la mare de l’ignominie et, chaque jour, je suis surprise de voir qu’elle le fait. » Paloma a planifié son suicide, le jour de son prochain anniversaire, seul moyen selon elle d’échapper au « bocal à poissons » qu’est le destin où elle est enfermée. En attendant, elle écrit ses pensées profondes qu’elle introduit par des poèmes à la japonaise et un insolite « journal du mouvement du monde » consacré au « mouvement des gens, des corps, voire, s’il n’y a vraiment rien à dire, des choses, et à y trouver quelque chose qui soit suffisamment esthétique pour donner un prix à la vie. De la grâce, de la beauté, de l’harmonie, de l’intensité. » Continuer la lecture de « L’élégance du hérisson »