Oublier 2020 ?

Beaucoup des vœux reçus ces derniers jours nous invitent à « oublier 2020 »’ et en appellent, pour 2021, à des jours meilleurs.

 Il est vrai que pour d’innombrables citoyens, l’année écoulée restera associée à des malheurs : la maladie ou la mort d’êtres chers ; la perte d’un emploi ; le confinement dans un logement exigu et surpeuplé, ou au contraire dans la solitude et la tristesse ; l’interdiction de se déplacer, de se divertir, de se rencontrer physiquement ; le sentiment de dépossession et de fatalité. Oublions, tournons la page, revenons à la normale. Continuer la lecture de « Oublier 2020 ? »

Goliath96

Arte TV a récemment diffusé « Goliath96 », téléfilm allemand de Marcus Richardt sur la relation entre une mère et son fils retranché dans la solitude.

 Celui qui se cache dans les réseaux sociaux sous le pseudonyme de Goliath96 n’a rien d’un géant addict à l’érotisme. David (Niels Rovera-Muñoz) vit retranché depuis deux ans dans sa chambre. Son obsession : ne jamais croiser sa mère, qui vit dans la pièce en face de la sienne, de l’autre côté du couloir. Continuer la lecture de « Goliath96 »

Fratelli Tutti

Dans son encyclique « Fratelli tutti », le pape François lance un appel à la fraternité et à l’amitié sociale. Il se prononce clairement contre la peine de mort et la réclusion à perpétuité.

 Je n’avais pas lu d’encycliques depuis des décennies. Ces exhortations pontifiantes, écrites en langue morte à la première personne du pluriel, relevant souvent de la police sexuelle, m’horripilaient. La référence à une doctrine intemporelle qu’il suffirait d’expliciter mais sans en changer un iota me semblait relever d’une fraude historique. Continuer la lecture de « Fratelli Tutti »

Le temps des passions tristes

Dans « le temps des passions tristes » (Seuil, 2019), le sociologue François Dubet explique comment la perception individuelle des inégalités sociales s’est peu à peu substituée à la conscience de classe.

 Les passions tristes sont le ressentiment, le sentiment d’abandon, la frustration, la colère, la honte, la résignation. Et par-dessus-tout, « le sentiment de mépris, l’impression d’être invisible ». L’occupation par les gilets-jaunes des ronds-points et l’adoption par eux d’un uniforme destiné à rendre visible un piéton dans la circulation automobile illustre cette revendication de visibilité, de reconnaissance et finalement de respect. Continuer la lecture de « Le temps des passions tristes »