Deux ailes pour voler

Invité par l’Université Bordeaux Montaigne, le professeur Samir Marzouki, de l’Université de Tunis, a prononcé une conférence qui constituait un bel hommage au bilinguisme et à la bi-culturalité.

 Lorsqu’on est au début de l’apprentissage de la langue arabe et que chaque pas est lourd comme un Everest, on reste ébloui par la capacité du professeur Marzouki à s’exprimer aussi bien en arabe, sa langue maternelle, qu’en français : il semble échapper aux lois de la gravité linguistique ! Il parle dans un français soutenu, imparfait du subjonctif inclus et cite de mémoire de longs poèmes en arabe. Continuer la lecture de « Deux ailes pour voler »

The Grand Budapest Hotel

“The Grand Budapest Hotel”, film de Wes Anderson, plonge le spectateur dans un univers loufoque et décalé, dans une Europe centrale des années trente inspirée de l’œuvre de Stefan Zweig.

 Le Grand Budapest Hotel est une énorme bâtisse rococo dans une station thermale de Zubrowka, un pays imaginaire d’Europe centrale. Il ne reçoit presque plus de client et s’avance dans la décrépitude. C’est dans ce vide rempli du souvenir d’heures glorieuses que le propriétaire de l’hôtel, Zero Mustapha (F. Murray Abraham) reçoit un jeune romancier en peine d’inspiration (Jude Law) et lui raconte son histoire. Continuer la lecture de « The Grand Budapest Hotel »

Lulu Femme Nue

« Lulu Femme Nue », film de Solveig Anspach, nous fait assister à la « transhumance » d’une femme d’âge mûr (Lulu, jouée par Karin Viard) du statut de mère au foyer à la redécouverte de son identité.

 Lulu habite un pavillon près d’Angers, est la femme d’un garagiste avec qui l’amour est un lointain souvenir et la mère d’une post-adolescente et de deux jeunes garçons. Elle se rend à un rendez-vous d’embauche à Saint Gilles Croix de Vie, en Vendée, car elle entend travailler et échapper à la pesanteur de l’enfermement dans le foyer familial. Continuer la lecture de « Lulu Femme Nue »

L’élégance du hérisson

France 2 a diffusé au début janvier le beau film de Mona Anache, « le Hérisson » (2009) qui mettait à l’écran « l’élégance du hérisson », roman publié trois ans plus tôt par Muriel Barbery dont voici une notre de lecture.

 Paloma Josse est une gamine parisienne surdouée qui vit sa vie de famille comme un enfer. Son père, député de gauche caviar, lui apparait comme un être insignifiant et lâche. Sa mère arbore comme un triomphe ses dix ans de psychanalyse. Et surtout, sa grande sœur Colombe, par sa superficialité et sa conformité aux préjugés de son monde, représente tout ce qu’elle abhorre : « chaque jour je me dis que ma sœur ne peut pas s’enfoncer plus profondément dans la mare de l’ignominie et, chaque jour, je suis surprise de voir qu’elle le fait. » Paloma a planifié son suicide, le jour de son prochain anniversaire, seul moyen selon elle d’échapper au « bocal à poissons » qu’est le destin où elle est enfermée. En attendant, elle écrit ses pensées profondes qu’elle introduit par des poèmes à la japonaise et un insolite « journal du mouvement du monde » consacré au « mouvement des gens, des corps, voire, s’il n’y a vraiment rien à dire, des choses, et à y trouver quelque chose qui soit suffisamment esthétique pour donner un prix à la vie. De la grâce, de la beauté, de l’harmonie, de l’intensité. » Continuer la lecture de « L’élégance du hérisson »