Dans “Olhos d’Água”, recueil de nouvelles publié en 2014, l’écrivaine brésilienne Conceição Evaristo plonge le lecteur dans le quotidien d’habitants de favelas, pour la plupart des femmes noires, comme elle-même. Le livre a été traduit en français par Izabella Borges sous le titre « ses yeux d’eau » et publié en 2020 par les Éditions des Femmes. Les citations incluses dans cet article ont été traduites par l’auteur de « transhumances ».
Dans le premier des quinze contes du recueil, l’autrice cherche à se souvenir de la couleur des yeux de sa mère. La faim rôde dans le quartier. Sa mère invente un jeu pour que les enfants oublient la faim. « Parfois, en fin d’après-midi, avant que la nuit ne prenne le dessus sur le temps, elle s’asseyait sur le seuil de la porte et, ensemble, nous contemplions l’art des nuages dans le ciel. » Avec les nuages venait parfois la pluie tropicale, mouillant la pluie se mêlant aux larmes. Les yeux de la mère avaient la couleur de l’eau. Continuer la lecture de « Olhos d’Água »