L’art de perdre

Dans « l’art de perdre », Alice Zeniter évoque la quête d’identité d’une jeune descendante de harkis.

Ce qu’il faut apprendre à savoir perdre, c’est un pays, ou plutôt l’image sanctuarisée qu’on se fait d’un pays lorsqu’on l’a quitté il y a longtemps. Quand Naïma entend parler la grand-mère Yema de l’Algérie, celle-ci « ressemble à un conte de fées pétri d’un symbolisme archaïque ». Lorsqu’à la faveur d’un voyage professionnel, la jeune femme fait un voyage en Kabylie et se rend dans le village de sa famille, c’est un pays en vie qu’elle découvre, un pays « en mouvement, fait de circonstances historiques modifiables et non de fatalités irréversibles ». Continuer la lecture de « L’art de perdre »

Des mille et une façons d’être juif ou musulman

« Des mille et une façons d’être juif ou musulman », dialogue entre Delphine Horvilleur, rabbin, et Rachid Benzine, islamologue, est un livre tonique qui attaque de front les fondamentalismes religieux.

Le dialogue entre la juive et le musulman est organisé par un sociologue des religions venu du monde catholique : Jean-Louis Schlegel. Le livre est structuré en 8 chapitres qui traitent de questions de fond largement débattues aujourd’hui : l’identité, la laïcité, la place des femmes, la filiation, la violence… et finalement Dieu lui-même. Continuer la lecture de « Des mille et une façons d’être juif ou musulman »

Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ?

Dans « Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ? » (Editions du Seuil, 2016), Rachid Benzine imagine un échange de courriers entre un père, islamologue dans une université d’un pays arabe, et sa fille Nour, partie faire le Djihad à Falloujah en Irak.

Nour et son père ont toujours vécu une tendre proximité : elle est enfant unique, et sa mère est décédée quand elle avait cinq ans. Pourtant, en 2014, âgée de vingt ans, elle s’envole pour l’Irak, s’installe à Falloujah, épouse un combattant de l’État islamique, s’enthousiasme pour les conquêtes fulgurantes du Califat malgré la disproportion des forces avec l’occident. Continuer la lecture de « Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ? »

Tchekhov sur l’Île de Sakhaline

En 1890, à l’âge de 30 ans, Anton Tchekhov séjourna trois mois dans l’Île de Sakhaline, à l’est de la Sibérie. Son rapport sur la colonie pénitentiaire constitue un témoignage historique et littéraire passionnant.

Anton Tchekhov exerce alors comme médecin et est déjà connu comme écrivain. C’est un bourreau de travail. Il soutient financièrement sa famille, puisque son père, un loser comme il y en a tant dans son œuvre théâtrale, a fait faillite. Il éprouve le besoin d’un moment de rupture. Il est passionné par la chose judiciaire. Il cherche à comprendre l’humanité dans les conditions extrêmes de vie ou de survie. Continuer la lecture de « Tchekhov sur l’Île de Sakhaline »