La première histoire du monde

« La première histoire du monde », du romancier brésilien Alberto Mussa, transporte le lecteur à Rio de Janeiro en 1567, alors que la ville ne comptait qu’environ 400 habitants.

 Né en 1961, Alberto Mussa a suivi une formation de mathématiques et de percussion avant de s’orienter vers la linguistique. Il s’est passionné pour les histoires narrées par les conteurs africains et arabes. Il a étudié le tupi (langue des habitants installés dans la région de Rio de Janeiro un millénaire avant l’arrivée des Européens), le yoruba (langue des communautés religieuses afro-brésiliennes) ainsi que l’arabe (langue de la famille de son père, d’origine libano-palestinienne). Il a traduit en portugais les Muallaqat (poésies arabes préislamiques). Il a écrit plusieurs romans, dans lesquelles les mythologies tiennent une place importante. Continuer la lecture de « La première histoire du monde »

D’autres vies que la mienne

« D’autres vies que la mienne », récit publié par Emmanuel Carrère en 2009, est un livre profondément humain, qui parle sans fioritures de la vie et de la mort.

 Je ne suis pas entré tout de suite dans le récit d’Emmanuel Carrère. L’auteur se trouvait dans un complexe touristique au bord de la mer au Sri Lanka lorsqu’eut lieu le gigantesque tsunami du 26 décembre 2004. Il raconte heure par heure ce qui s’est passé, la détresse d’autres touristes français dont la petite Juliette, 4 ans, a été retrouvée morte ; la recherche de son corps, d’hôpital en hôpital ; le désespoir de sa famille. Le style est descriptif, sans effet littéraire. J’étais déçu, jusqu’à ce que peu à peu je comprenne que c’est précisément cet attachement à la réalité telle qu’elle est, sans embellissement ni arrangement, qui rend son livre beau. Continuer la lecture de « D’autres vies que la mienne »

Sous le figuier

À l’occasion de la fête de Noël, « transhumances » présente à ses lecteurs « Sous le figuier », un livre de poésies « à l’écoute des psaumes » d’Agnès Gueuret (Le Corridor Bleu, 2014).

 Agnès Gueuret a étudié les psaumes en profondeur. Elle ne prétend pas réaliser une traduction au sens littéral du terme, mais « un exercice de l’esprit et du cœur pour s’accorder » à ce qu’elle a entendu alors qu’elle s’immergeait dans les textes. Il s’agit de transférer le souffle prophétique dans la culture d’aujourd’hui et de faire résonner, dans l’âme de lecteurs de l’ère postindustrielle, les plaintes et les actions de grâce de croyants qui vivaient dans une société agropastorale éloignée de nous par une centaine de générations.

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Rue des voleurs

« Rue des voleurs », roman de Mathias Énard (Babel, Actes Sud, 2012) est un passionnant récit au cœur des craquements qui ébranlent nos sociétés au nord comme au sud de la Méditerranée.

 « Rue des voleurs » avait tout pour me séduire : les villes de Tanger (patrie affective d’un vieil ami), de Barcelone (où j’ai travaillé) et de Tunis (mon dernier voyage au Maghreb) ; les amours contrariées d’un jeune marocain et d’une barcelonaise étudiante en arabe ; la prison d’où le héros écrit son histoire ; l’image tutélaire du voyageur marocain Ibn Battûta. Et je n’ai pas été déçu. Ce roman est de ceux dont on ne voudrait qu’il ne finisse jamais. Continuer la lecture de « Rue des voleurs »