Je verrai toujours vos visages

Dans « je verrai toujours vos visages », Jeanne Héry donne à voir le déroulement de deux programmes de justice restaurative, une médiation restaurative et une rencontre détenus-victimes.

Lorsque Chloé (Adèle Exarchopoulos) entre dans le bureau de Judith (Élodie Bouchez), elle exprime clairement ce qu’elle attend de la médiation restaurative qui lui est proposée : rencontrer son frère qui l’a violée lorsqu’elle était enfant afin de s’entendre sur des règles permettant de ne jamais se croiser en ville, et obtenir des réponses à des questions sur ce qui s’est passé. Judith lui explique les règles. Il faudra obtenir l’accord de Benjamin pour s’engager dans le processus et la rencontrer. De nombreuses réunions seront nécessaires pour déminer le terrain, clarifier les attentes de part et d’autre, identifier les questions taboues. Il sera possible de quitter le programme à tout moment. Il est conseillé de se faire aider par un « ami payant », un psychologue.

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Nos voisins les détenus

France 3 Aquitaine a récemment diffusé un documentaire écrit et réalisé par Djamel Zaoui et Miguel Sanchez Martin intitulé « nos voisins les détenus ». Son sujet : le centre de détention de Mauzac, en Dordogne.

 La prison de Mauzac est atypique. Si le bâtiment originel, construit en 1939, relève de l’architecture pénitentiaire classique, des constructions ont été ajoutées dans les années 1980 lorsque Robert Badinter était Garde des Sceaux. Les détenus sont logés dans des pavillons environnés de verdure, ce qui rend la captivité moins abrupte que dans les monstres gris de 600 places construits ces dernières décennies. Continuer la lecture de « Nos voisins les détenus »

Qui sont les djihadistes français ?

Le Ministère de la Justice a récemment publié un étude intitulée « Sociologie du djihadisme français ».  Réalisée auprès de plus de plus de 350 djihadistes incarcérés dans les prisons françaises par Xavier Crettiez et Romain Sèze avec la collaboration de la magistrate Jennifer Boirot, cette étude vise à mieux comprendre l’environnement des djihadistes et à éclairer leurs motivations.

Elle se fonde sur 353 rapports d’évaluation établis dans le cadre des quartiers d’évaluation de la radicalisation ainsi que sur 137 rapports rédigés par des médiateurs du fait religieux. Elle est structurée autour de 110 informations collectées auprès des détenus interviewés, concernant leur origine géographique, leur nationalité, leur âge, leur situation familiale, leurs conditions socio-économiques, leurs éventuels antécédents délinquants et criminels, leurs possibles vulnérabilités psychologiques, leurs rapports à la religion, leurs rapports à la politique, leurs rapports à la cause djihadiste. Continuer la lecture de « Qui sont les djihadistes français ? »

Un récit de ténèbres et d’espoir

Dans « un récit de ténèbres et d’espoir » (Bloomsbury 2016, non traduit en français), Erwin James raconte son enfance cabossée et la longue dérive vers l’alcoolisme et la violence, sanctionnée en 1984 par une condamnation à la prison à perpétuité pour un double meurtre.

Il raconte aussi son long processus de rédemption grâce à une psychologue de prison, Joan Branton, à qui le livre est dédié. Le titre du livre en anglais est d’ailleurs « Redeemable, a memoir of Darkness and Hope ». Le vocable « Redeemable », que l’on peut traduire par « rachetable » appartient à la théologie chrétienne de la rédemption. Dans le lexique de la France laïque, on utiliserait probablement « réinsérable », pour désigner une personne qui parvient à changer de route et à se réconcilier avec la société. Continuer la lecture de « Un récit de ténèbres et d’espoir »