Justice4 décembre 20210Cent mille places de prison ?

Le Figaro Vox a publié le 26 novembre une tribune de Pierre-Marie Sève, délégué général de l’Institut pour la Justice (IPJ), qui se présente comme une association de citoyens mobilisés au côté des victimes. Il estime à 100 000 le nombre de places de prison nécessaires en France.

L’auteur estime que la France a « sous l’effet de l’immigration, une population particulièrement criminogène ». Il estime, sans citer de chiffre, que notre pays a un taux de délinquance et de criminalité plus élevé que ses voisins. Le lien entre délinquance et immigration reste, lui aussi, à démontrer.

Il affirme que « ce sont 100.000 personnes, qui ont été condamnées à une peine de prison, mais qui patientent tranquillement chez elles qu’une place se libère. Pire, environ 50.000 d’entre elles verront leur peine magiquement « oubliée » par l’effet de la prescription. » Ces chiffres ne sont pas étayés par les statistiques du Ministère de la Justice. Quant au délai de prescription, il court jusqu’à la date de la mise en examen, et non de l’exécution de la peine.

Inauguration de la prison de Lutterbach

Sur le fond, Monsieur Sève estime qu’il faudrait davantage de perpétuité réelle et moins d’aménagements de peine. Il considère que « la construction de nouvelles prisons pourrait surtout redonner à chaque Français une certaine légèreté de vivre ou tranquillité d’esprit, en leur permettant enfin de vivre dans un pays sûr et pacifique, bref, un pays où les honnêtes gens sont libres quand les délinquants sont en prison. »

À combien faut-il estimer le parc pénitentiaire nécessaire ? « En réalité, écrit Monsieur Sève,  il n’y a pas de nombre idéal. Pour atteindre la moyenne des pays du Conseil de l’Europe, soit le niveau de l’Espagne ou du Portugal, il faudrait 87.000 places en France. Mais la France ayant un niveau de délinquance et de criminalité plus élevé que ses voisins européens, il en faudrait certainement plus. Le nombre de 100.000 places au total semble donc très raisonnable. »

Ceci impliquerait la construction de 40 000 places supplémentaires, plus que les 15 000 places que le président Macron s’est engagé à construire sur deux quinquennats, plus aussi que les 20 000 places que les candidats du Parti Républicain voudraient construire en cinq ans.

Le délégué de l’Institut pour la Justice s’érige en porte-parole des victimes. Dans les états des États-Unis qui appliquent la peine de mort, une galerie permet aux victimes d’assister à l’exécution du criminel qui a causé leur malheur. C’est une logique de vengeance semblable qui anime M. Sève. Il y aurait pour lui deux catégories de personnes, les « honnêtes gens » et les « délinquants », comme si les premiers n’étaient jamais habités par la haine, et comme si les seconds ne pouvaient s’amender.

Monsieur Sève cite l’Espagne et le Portugal, et non l’Allemagne ou les Pays-Bas, où un mouvement de décroissance carcérale est engagé depuis des années. Ce mouvement se fonde sur la constatation que la prison a des effets déstructurants tels que nombre de condamnés sortent plus inadaptés à la société que lorsqu’ils sont entrés. Prendre vraiment en compte les victimes, n’est-ce pas travailler à réduire vraiment le risque de récidive ? Et ceci se passe par un véritable accompagnement des personnes qui ont enfreint la loi, en milieu ouvert si cela est possible.

Plan de la nouvelle prison de Lutterbach

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