Etonnements1 décembre 20230Chronique d’étonnement n°52

Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.

Dans cet article de transhumances, je suis ému par l’errance d’une barquette de plastique dérivant sur une flaque d’eau dans une maison d’arrêt ; je suis amusé par l’association du mot « Bordeaux » à un aéroport de Montréal ; je fais l’expérience du stress lié à l’obtention de papiers d’état-civil.

Bateau ivre

Sur la terrasse sous la fenêtre du parloir de la maison d’arrêt, des détritus se sont accumulés. Il y a là des barquettes de plastique portant de la nourriture gâchée. Des morceaux de pain dur, des trognons de pomme, des pelures d’orange, épaves de la vie carcérale.

Une barquette est vide. Il pleut. La barquette glisse sur une flaque d’eau au gré d’un vent léger. Un bateau ivre, un rêve fugitif, un esquif sans amarres sur un océan minuscule, rencontrant sur sa route improbable des archipels pollués.

 

Bordeaux, deuxième aéroport de Montréal

Dans son édition du 24 octobre, La Presse cite une opinion qui étonnera le lecteur français : « Bordeaux est quasiment rendu le deuxième aéroport de Montréal ». L’auteur de cette phrase est Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec. Bordeaux est en effet une prison provinciale du Québec.

Cette prison est la cible d’incursions de drones venant livrer à des personnes détenues des téléphones portables, de la drogue et même des couteaux. On est surpris de la fréquence de ces incursions : 484 dans les six premiers mois de l’année, contre 647 pour toute l’année 2022. Le cap des 1 000 incursions de drones pourrait être atteint en 2023.

On estime que 78% des drones sont interceptés avant de pouvoir livrer leur marchandise. Leur multiplication pose cependant un sérieux problème de sécurité.

 

Papiers

La procédure pour renouveler la carte nationale d’identité est strictement définie. Il faut déposer, sur Internet, une pré-demande dans laquelle on rappelle, entre autres, le numéro et l’échéance de la carte à remplacer, l’état-civil des parents et le sien propre, l’adresse du domicile. Ces informations doivent être fournies avec la plus grande précision.

Munis du reçu de la pré-demande et d’une photo d’identité au format administratif, nous sommes reçus en mairie par une employée de l’état-civil, avenante et compétente. Une difficulté surgit concernant le justificatif du domicile. Notre interlocutrice en réfère à un chef. C’est d’accord, on peut poursuivre. Il faut apposer sa signature sur plusieurs documents, dont l’un impose un cadre dont, comme pour un coloriage d’enfant, il ne faut pas déborder.

Nous sommes utilisateurs habituels des formulaires en ligne, nous sommes Français nés de parents français, mais nous ressentons un degré de stress. J’imagine celui que vivent les exclus du numérique et les sans-papiers.

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