Cinéma28 novembre 20210De son vivant

Dans « De son vivant », Emmanuelle Bercot met en scène les derniers mois d’un homme encore jeune confronté à la perspective de sa déchéance et de sa mort à brève échéance.

 Lorsque le Docteur Eddé (Gabriel Sara), oncologue, apprend à Benjamin (Benoît Magimel) qu’il est atteint d’un cancer incurable du pancréas, la première réaction de Benjamin et de sa mère Crystal (Catherine Deneuve) est le déni. Tout a-t-il été tenté pour le sauver, tout est-il vraiment perdu ?

 Le médecin a su constituer autour de lui une équipe de soignants solidaire, au sein de laquelle la parole circule. Face aux patients, la vérité est-elle préférable au mensonge ? Lorsqu’un cancer est fatal, vaut-il mieux retarder l’échéance ou offrir au patient la fin de vie la plus sereine possible ? Comment éviter de mener des batailles perdues d’avance ?

Benjamin est professeur au conservatoire. Il fait jouer à sa vingtaine de jeunes élèves des scènes de séparation. Elles sont d’autant plus déchirantes que c’est sa propre séparation d’avec la vie qui se joue là.

 Peu à peu, il accepte son destin. Pour sa mère, c’est plus difficile : elle a toujours exercé de l’emprise sur lui, contrôlé sa vie. Que celle-ci lui échappe des mains est inconcevable. Pourtant, elle aussi avance sur le chemin rocailleux promis par le Docteur Eddé.

 Il faut maintenant à Benjamin mettre en ordre le bureau de sa vie. Vingt ans auparavant, on lui a « fait un enfant dans le dos », comme disait sa mère. La culpabilité est lourde à porter : celle d’avoir laissé un petit garçon sans père, celle de s’être laissé imposer par sa mère cet abandon.

 L’assistante d’Eddé, Eugénie (Cécile de France), partage l’éthique de son patron. Il est légitime de partager les larmes de la personne que l’on soigne et qui tremble de peur. Elle offrira à Benjamin un dernier baiser, un dernier corps à corps.

 « De son vivant » parle de la mort mais, comme le titre le suggère, de son autre versant : celui d’un temps ultime gorgé de vie, parce que les faux-semblants n’on plus de place et que seule compte la vérité des êtres.

 Le jeu des comédiens, y compris les jeunes élèves de Benjamin, est remarquable. À noter que Gabriel Sada exerce le métier d’oncologue et joue son propre rôle, avec une touchante humanité.

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