CinémaSociété25 mars 20161Demain

Le film « Demain », de Cyril Dion et Mélanie Laurent a obtenu le César du meilleur documentaire et demeure à l’affiche après plus de trois mois d’exploitation. Et c’est mérité.

L’ambition du film est de raconter une histoire qui fait du bien. Pourtant, les premières séquences font froid dans le dos. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’extinction prochaine de l’humanité si elle ne change pas radicalement, et d’urgence, son modèle de développement et son rapport à la nature.

Mais bien vite, c’est un discours positif qui prend le dessus. Les lecteurs de « transhumances » trouveront dans le film quelques-uns des thèmes qui irriguent ce blog : la nécessité de tourner le dos à la monoculture extensive et d’aller vers une agriculture respectueuse du sol et diversifiée ; l’utilisation d’énergies renouvelables et les économies d’énergies ; une économie plus proche des gens, par exemple par le développement de monnaies locales ; la réinvention de la démocratie ; un système éducatif qui donne à chaque enfant sa chance.

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Rob Hopkins, créateur du mouvement des villes en transition, présente un billet de 21 livres locales

J’ai été enthousiasmé par ce film, comme beaucoup de spectateurs. Son propos n’est pas de distiller la peur de la catastrophe, au risque de tétaniser les citoyens et de les amener à se retrancher dans leur petit confort. Il propose des solutions, montre des acteurs enthousiastes de ces solutions, démontre que la prise de conscience et l’action sont maintenant de dimension mondiale (le film a été tourné dans dix pays). Bref, lecteurs de « transhumances », allez voir « Demain » toutes affaires cessantes !

Une critique que l’on peut faire au film est de discréditer trop facilement les organisations gigantesques. On comprend le propos. Il s’agit, de dénoncer les ravages de la culture de la prédation qui est le moteur de l’économie mondiale capitaliste et de faire comprendre que « small is beautiful ».

Néanmoins, lorsqu’un couple de maraîchers du Bec-Hellouin explique comment, sur une petite surface de terre ingrate ils produisent autant que d’autres sur des centaines d’hectares, ils disent aussi qu’ils ont l’un et l’autre suivi des études supérieures. Leur connaissance du milieu végétal, ils la doivent à un système d’enseignement et de recherche qui fonctionne à l’échelle globale. De la même manière, le documentaire présente une culture sous serre à l’île de La Réunion. L’originalité du projet consiste en ce que les serres sont mises à disposition des agriculteurs par un producteur d’énergie solaire : le toit des serres est constitué de panneaux solaires de haute technologie.

Il reste que « Demain » est un excellent film. Pour illustrer l’intérêt d’implanter des jardins potagers tout près des consommateurs, le film s’intéresse à la prison du Port, à l’île de La Réunion, où des détenus produisent des légumes et apprennent l’horticulture en vue de leur réinsertion. Une raison de plus pour moi d’aimer ce documentaire qui apporte de l’air frais.

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Serres sous panneaux solaires à La Réunion

One comment

  • Benoît

    28 mars 2016 at 18h33

    Xavier,
    Je fais, en hiver et au début du printemps, du ski de randonnée avec un couple d’amis qui sont des accros du Bec Hellouin où, en effet, des illuminés (terme qui, dans ma bouche,n’est pas forcément péjoratif) se livrent à des expériences comme le permasol, je crois, c’est-à-dire qu’ils ne labourent pas et pratiquent une agriculture maraichère totalement biologique. Tout ça est fort sympathique mais, quand tu pousses la discussion, on finit par te dire que les gens du Bec Hellouin ne parviennent pas à vivre de leur entreprise. Dans mon équipe de randonneur à skis j’ai aussi un agriculteur qui cultive plusieurs milliers d’hectares de betteraves à sucre en Champagne « pouilleuse ». Inutile de te dire que les conversations du soir en refuge sont chaudes (il n’y a d’ailleurs que ça de chaud…). Conclusion provisoire: l’agriculture maraichère bio sur petites parcelles c’est sympa mais il ne faut pas compter sur elle pour nourrir les bientôt 6 milliards d’êtres humains. Ô fortunatos nimis agricolas!

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