Art3 novembre 20220Edvard Munch, un poème de vie, d’amour et de mort

Le Musée d’Orsay présente jusqu’au 22 janvier 2023 une exposition intitulée « Edvard Munch, un poème de vie, d’amour et de mort ».

L’œuvre la plus connue du peintre norvégien Edvard Munch (1863-1944) est « Le Cri », qui représente un homme  bouche ouverte, yeux exorbités, hurlant de terreur sur une passerelle, alors que l’eau sombre de la rivière et le ciel rouge semblent se tordre de douleur. Ce tableau n’est pas présenté à l’exposition, mais il est présent par une gravure.

« J’ai essayé de m’expliquer la vie et son sens mais j’ai aussi essayé d’aider d’autres personnes à clarifier leur(s) vie(s). » C’est ainsi que l’artiste décrivait le projet de toute une vie.

Le sens de sa propre vie n’allait pas de soi. Sa famille fut marquée par la mort : celle de sa mère et de sa sœur de tuberculose, la première quand il avait 5 ans, la seconde à l’âge de 15 ans. La maladie mentale rôdait : sa plus jeune sœur fut internée dans un asile, lui-même demanda à deux reprises d’être admis dans un hôpital psychiatrique.

En 1896, l’artiste peint « l’Enfant malade ». Une jeune fille rousse est installée dans un fauteuil, un grand oreiller dans le dos. Elle est livide. Elle regarde ailleurs, dans le vide, vers ce vide qui l’aspire irrésistiblement. Sa mère, désespérée, est à ses côtés, la tête penchée. Il exécutera six versions de ce tableau pendant sa vie.

Une année auparavant, « près du lit de mort » représentait sa famille au chevet du corps de sa sœur Sophie. Leur mère est représentée au premier plan, blanche comme un spectre : elle était décédée de nombreuses années avant la disparition de Sophie.

Pour Munch, l’amour a partie liée avec la mort. Le baiser, autre thème récurrent de son œuvre, met en scène un couple debout, enlacé. Les visages ne se distinguent pas, ils sont confondus, comme avalés l’un par l’autre. L’amour comme anthropophagie : une série de tableaux intitulés Vampire le disent clairement. Une femme embrasse le cou d’un homme penché jusqu’à le mordre ; ses cheveux roux enserrent la tête de celui-ci comme un filet.

Malgré la proximité permanente du désespoir, la vie résiste. La série des jeunes filles sur le pont frappe par ses couleurs vives. « Le Soleil », peint en 1912, irradie par sa force. L’artiste intitule « la frise de la vie » un ensemble de tableaux qu’il présente pour la première fois à Berlin en 1902.

L’un des derniers tableaux d’Edvard Munch est un autoportrait réalisé à la fin de sa vie. Il semble épuisé. Ses vêtements rayés et les mèches de cheveux à l’arrière du crâne lui donnent l’air d’un artiste de cirque. Son ombre projetée regarde ailleurs, comme la jeune fille malade de ses débuts. Comme beaucoup d’œuvres de Munch, celui-ci est bouleversant.

France 4 a récemment diffusé un remarquable documentaire de Sandra Paugam, « Edvard Munch, un cri dans la nature », réalisé en partenariat avec le Musée d’Orsay.

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