HistoirePolitiqueTélévision20 décembre 20220Georges Marchais, l’homme qui avait choisi son camp

La Chaîne Parlementaire (LCP) a récemment diffusé un documentaire de Gérard Miller intitulé « Georges Marchais, l’homme qui avait choisi son camp », à l’occasion du cinquantième anniversaire de son accession au poste de secrétaire général du Parti Communiste Français et du vingt-cinquième anniversaire de sa mort.

Je gardais de Georges Marchais une image antipathique : celle d’un personnage de foire télévisuelle, celle du dirigeant politique qui avait osé justifier l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS. Le film de Gérard Miller remet sa vie en perspective.

Issu de la Normandie rurale, Marchais rêvait d’être ouvrier. Le réalisateur relativise le fait qu’il travailla en Allemagne pendant la guerre comme ouvrier dans l’industrie de guerre aéronautique du Reich : simple mutation au sein de son entreprise, aurait-il perçu alors qu’il était apolitique.

 

Élu secrétaire général en 1972, il est perçu par les militants comme un ouvrier. Quel dirigeant d’aujourd’hui aurait-il un tel parcours ? Le Parti est en effervescence. Il compte alors 700 000 membres et leur moyenne d’âge est jeune. Le pouvoir est à portée de mains. Georges Marchais est un artisan du Programme Commun de la gauche. Sur le plan international, il est reconnu comme une figure de l’eurocommunisme, revendiquant son autonomie face au grand-frère soviétique.

L’élection de François Mitterrand à la présidence de la République en 1981 marque un basculement. Le Parti Communiste ne rassemble que 15% des voix, loin de son score électoral habituel autour de 20%. Mitterrand se révèle un manœuvrier habile et réussit à marginaliser le Parti, dont les ministres démissionnent après le tournant de la rigueur.

Les années 1980 voient le début du déclin. Les dirigeants du PC ne prennent pas la vague des idées neuves : écologie, féminisme, décentralisation. La désindustrialisation érode leur base ouvrière. En réaction, Marchais revient aux recettes d’autrefois, l’opposition tous azimuts  et l’alignement sur l’URSS, dont il qualifie le bilan de « globalement positif », alors que celle-ci est sur le point d’imploser.

Le film de Gérard Miller met en valeur l’humanité du personnage, dont témoignent ses filles, son fils et des dirigeants du PC tels que Marie-George Buffet et Robert Hue. Lors de la transmission du pouvoir à ce dernier en 1994, Georges Marchais ne peut retenir ses larmes.

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