Danse26 avril 20240Guerrero, Béjart et moi

France 4 Culturebox a récemment programmé, deux soirs de suite, des spectacles de danse moderne : Catedral , chorégraphie flamenco de Patricia Guerrero, et trois œuvres de Maurice Béjart mises en scène par l’Opéra de Paris au printemps 2023. Me remettant doucement d’une fracture du fémur, le défi à la gravité lancé par les danseurs m’a fasciné.

 Catedral était donné à l’Alhambra de Grenade le 11 mai 2023. Deux chanteurs habillés de bure interprètent à capella d’anciens chants d’église ; un guitariste, deux batteurs et un chanteur jouent de la musique flamenco. Entre ces deux traditions musicales, Patricia Guerrero et trois danseuses expriment avec leurs corps la solitude et la solidarité, l’angoisse et la confiance retrouvée. Les talons des danseuses marquent le rythme. Leurs robes amplifient le mouvement.

 La soirée d’hommage à Béjart proposée par Culturebox incluait trois de ses chorégraphies : le fameux Boléro de Ravel, l’oiseau de feu sur une musique de Stravinsky et le chant du compagnon errant sur des poèmes chantés de Mahler. La scénographie du Boléro est impressionnante. Une soliste, Amandine Albisson, est seule sur une plateforme circulaire de couleur rouge. Des dizaines d’hommes, torse nu, font cercle autour d’elle.

Ces spectacles me fascinent. Depuis un mois, ma vie a basculé : accident de bicyclette, opération d’une fracture du fémur, lente reconquête de l’autonomie. Chaque geste coûte. Tout est lourd, tout est long. Et voici que je suis témoin d’un défi à la gravité. Tout est grâce, légèreté,

 Je sais pourtant la somme de sacrifices minuscules qui a rend possible cette légèreté, la somme d’efforts, de progrès soudains, de blessures, de retours au point de départ qui ont été, depuis des années, le quotidien des danseurs. Au fond, nous partageons le même chemin. C’est une question d’échelle qui nous sépare, du zéro à l’infini.

Commenter cet article

Votre email ne sera pas publié.