Art11 janvier 20221Icônes de l’art moderne

La Fondation Louis Vuitton présente jusqu’au 22 février une exposition intitulée « La collection Morozov, Icônes de l’art moderne ».

 Mikhaïl Morozov (1870 – 1903) et son frère Ivan Morozov (1871 – 1921) étaient héritiers d’une des plus grandes dynasties industrielles russes. Dans les cinq dernières années de sa courte vie, Mikhaïl conseiller par des peintres russes et des galériste parisiens, constitue une collection d’œuvres d’artistes de son temps, qui deviendront fameux.

 Ivan poursuivit la constitution de cette collection exceptionnelle. Il commanda à Maurice Denis de grands décors pour le salon de musique de son hôtel moscovite. Ils font l’objet d’une salle de l’exposition. D’autres sont consacrées spécifiquement à Bonnard, Cézanne, Gauguin, Matisse.

Vincent Van Gogh, la ronde des prisonniers, 1890

Une pièce est dédiée exclusivement à la toile de Van Gogh, « la ronde des prisonniers ». Le peintre la réalisa en 1890, alors qu’il avait été interné à sa demande à l’hôpital psychiatrique de Saint Rémy de Provence. Il s’inspira d’un dessin de Gustave Doré sur la cour de promenade de la prison londonienne de Newgate (1872).

 Comme dans la gravure de Doré, une trentaine de prisonniers marchent en cercle sous la surveillance d’un gardien et d’officiels. Tous portent un bonnet. Ils sont voûtés, accablés. Un homme, toutefois, se singularise. Il fait certes partie du cercle des proscrits. Mais il n’est pas courbé, il marche tête nue, les bras ballants. Il est enfermé, mais conserve en lui une part de liberté.

 Van Gogh a copié le dessin de Doré. Mais ce qui distingue son œuvre, c’est la couleur et l’image. La couleur : les personnages sont immergés dans une sorte d’éther entre le jaune et le vert. Ce n’est pas l’obscurité glauque d’un cachot, mais l’angoisse est palpable, celle d’une noyade sans espoir. Le ciel est caché. D’où vient cette lumière qui projette l’ombre des damnés sur des plaques de plancher striées ?

Gustave Doré, la prison de Newgate, cour de promenade (1872)

One comment

  • CéCédille

    11 janvier 2022 at 11h06

    Deux tableaux très évocateurs ! Les briques des murs font penser, dans la copie de Van Gogh, aux livres rangés d’une bibliothèque. Et on aperçoit deux papillons blancs en haut à gauche sur le mur du fond.
    Merci pour cette présentation !
    C.C.

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