HistoireSociétéTélévision9 décembre 20210Joséphine Baker

J’ai suivi avec émotion à la télévision, le 30 novembre, l’entrée de Joséphine Baker au Panthéon.

 Un tapis rouge est déroulé du jardin du Luxembourg tout au long de la rue Soufflot et jusque dans la nef du Panthéon.

 À mesure qu’à pas lents progresse le cercueil porté à l’épaule par des militaires, la vie de Joséphine est racontée par une récitante. Son enfance difficile à Saint-Louis, en bute au racisme. Ses débuts comme danseuse dans un groupe d’artistes de rue. Sa venue à Paris, la revue nègre, la ceinture de bananes, le corps en liberté. Mes deux amours, mon pays et Paris.

L’acquisition de la nationalité française par un troisième mariage (le premier à l’âge de 13 ans). L’entrée dans la résistance. La vie au château des Mirandes, dans le Périgord Noir. La participation, en grand uniforme de l’armée de l’air française, au meeting de Martin Luther King, « I have a dream ». L’adoption de 12 enfants, la tribu arc-en-ciel. La faillite financière, la misère de nouveau, l’aide de Grace de Monaco. Le retour triomphal sur scène à Bobino. La mort brutale en 1975, à l’âge de 69 ans,

 Joséphine Baker est une parfaite icône pour la société française d’aujourd’hui. Comme l’écrit The Conversation, « l’artiste « coche des cases » qui correspondent à des valeurs de mieux en mieux partagées aujourd’hui : talent, liberté, résistance, antiracisme, courage, féminisme, solidarité. Avec comme valeur suprême la diversité. »

L’image du tapis rouge suggère un parcours rectiligne, une ascension vers le triomphe saluée par le chant des partisans et la chanson « mon village », couronnée par le discours du président de la République. Ce qui me touche au contraire, ce sont les imperfections de Joséphine Baker. Son caractère brouillon et imprévisible, qui complique ses relations avec les organisations antiracistes. Son incapacité à ajuster ses dépenses sur ses recettes, qui entraîne son expulsion des Mirandes et son divorce de Jo Bouillon, le père de la « tribu arc-en-ciel ». Sa profonde dépression après la faillite. Ses difficultés avec ses enfants devenus adolescents.

 Joséphine Baker n’était pas une sainte, mais une femme dont les convictions, l’énergie, la capacité à rebondir forcent l’admiration.

 

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