CinémaTélévision8 décembre 20210L’Absent

Arte TV a récemment diffusé L’Absent (Im Winter ein Jahr), film réalisé par Caroline Link en 2008, qui explore le retentissement du suicide d’un jeune homme dans une famille.

 Alexander Richter, un jeune homme de 19 ans apparemment heureux s’est donné la mort sans laisser d’explication. Un an plus tard, dévastée par l’absence, sa mère Eliane (Corina Harfouch) demande au peintre Max Hollander (Josef Bierbichler) d’exécuter un portrait de ses deux enfants côte à côte : Alexander et sa sœur Lilli (Karoline Herfurth).

 Lilli ne peut refuser de poser, mais ce que lui demande sa mère lui cause une douleur insupportable. Porte-t-elle une part de responsabilité dans la mort de son frère ? Pour le peintre, ce tableau associant, en grand format, une vivante et un mort, représente un défi. Quelles étaient les relations entre Lilli et Alexander ?

Peu à peu, entre le peintre et son modèle – ou son demi-modèle puisque l’un des sujets du tableau est absent pour toujours – se crée une relation de confiance. Lilli, brillante élève d’un conservatoire de danse, vit une profonde crise existentielle. Elle abandonne ses études. Elle devient si dépendante de son nouvel amour, Aldo (Misel Mtinevic), que celui-ci la laisse tomber sans ménagement.

 Lilli découvre une photo de son frère qui semble amoureux. De qui ? d’un camarade de lycée ? Cette interrogation déplace l’objet du tableau. Ce ne sera plus l’image fictive d’Alexander regardant jouer Lilli jouer au piano quelque temps avant qu’il se donne la mort, mais Lilli jouant aujourd’hui, avec la photo de son frère reposant sur l’instrument. Eliane ne reconnaît pas l’œuvre qu’elle avait commandée. Mais pour Lilli, la construction de son image aux côtés de son frère est une étape de sa propre reconstruction.

« L’absent » est un film troublant et émouvant. La performance d’actrice de Karoline Herfurth est époustouflante. Lorsque, vers la fin du film, elle exprime sa douleur écrasante et sa volonté de vivre par une chorégraphie échevelée dans une salle blanche et vide, le spectateur retient son souffle.

 Ce film allemand n’est pas passé en salles en France. C’est dommage. Arte TV lui a donné une vie grâce au petit écran. Bravo !

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