CinémaHistoireJustice10 avril 20240Le procès Goldman

Dans « Le procès Goldman », Cédric Kahn met en scène le procès en appel de Pierre Goldman, qui avait été condamné en première instance à la détention à perpétuité pour une série d’attaques à main armée perpétrées en 1969, dont l’une s’était terminée en bain de sang.

Lors de ce procès, qui se tient à Amiens à partir de novembre 1975 ; Goldman (Arieh Worthalter) reconnaît sa culpabilité dans tous les braquages qui lui sont imputés, sauf celui de la pharmacie de la rue Richard Lenoir. Il se reconnaît gangster, mais pas tueur. « Je suis innocent parce que je suis innocent », martelle-t-il. Le verdict ira dans son sens : il écopera de 12 ans de prison pour les braquages, mais sera acquitté de l’accusation de meurtre.

Cédric Kahn laisse le spectateur se faire sa propre opinion. Le président du tribunal (Stephan Guérin-Thilié) veille à ce que chaque partie s’exprime. L’accusé et son avocat Georges Kliejman (Arthur Harari) se trouvent souvent en conflit : Goldman s’en prend à la conspiration des juges et des policiers, l’avocat voit dans son attitude une provocation inutile et dangereuse. L’avocat général et le procureur convoquent des témoins qui affirment avoir vu l’accusé près de la pharmacie le soir du crime, dont l’un qui a été blessé par balle par le tueur. L’avocat de Kleijman met le doigt sur leurs contradictions.

La personnalité de Pierre Goldman domine les débats. Il a écrit de prison un livre incandescent, « Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France ». Son propre destin est marqué par l’arrachement de ses parents à leur patrie polonaise, leur engagement dans la résistance française, la Shoah. Un militant vénézuélien vient témoigner de ses efforts pour intégrer la guérilla dans son pays, comme Régis Debray l’avait fait en Bolivie.

Le film de Cédric Kahn témoigne aussi d’une époque. Dans le sillage de  mai 1968, une partie de l’opinion publique est convaincue du parti-pris de l’institution judiciaire. Le procès fait à Goldman oppose un révolutionnaire à la répression policière et pénale. Des amis de l’accusé ont pris place au fond de la salle et réagissent bruyamment.

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