EspagneVoyages3 juin 20130Málaga

Seconde ville d’Andalousie, Málaga est une cité active intéressante à visiter.

 Notre première visite est pour la cathédrale. Nous y arrivons dimanche matin pendant la grand-messe. Les fidèles sont assis dans les bas-côtés et assistent à l’office grâce à des écrans géants : la nef est en effet occupé par le chœur séparé par un impressionnant jubé. Le sermon de l’évêque nous paraît irréel, semblable à un mantra : Trinidad, Fidelidad, Serenidad…

 Après la « reconquista » de la ville en 1487, la grande mosquée fut transformée en cathédrale, avant d’être démolie et remplacée par l’édifice actuel, construit de 1528 à 1782. La conversion forcée de la population Andalouse de l’Islam au Christianisme est un processus historique qui mérite l’attention. En l’espace de peu d’années, les pratiquants d’une religion défiante de la représentation furent assaillis d’images du Christ, de la Vierge, d’anges, de putti, de saints et de saintes. Comme pour renforcer leur impact, beaucoup de ces images se rapportaient à des scènes de torture, par le fouet, la crucifixion, les flèches, la décapitation, la roue… En Andalousie plus qu’ailleurs, l’iconographie chrétienne est doloriste : sans aucun doute, elle produisait un choc pour des personnes éduquées dans un univers esthétique totalement différent, fondé sur l’harmonie de formes abstraites. L’omniprésence de la douleur a probablement facilité l’assimilation en profondeur et en peu d’années de la religion chrétienne par les nouveaux pratiquants malgré eux : eux-mêmes ne pouvaient manquer de se percevoir comme vaincus, écrasés et souffrants. D’une certaine manière, la nouvelle religion qui leur était imposée mettait en scène leur propre destin.

Dans une église de Malaga, Notre Dame des Douleurs
Dans une église de Malaga, Notre Dame des Douleurs

 Nous déjeunons dans un café typique, le Pimpi. Nous dégustons un verre de Málaga, le délicieux vin liquoreux de la région qui se sert tant à l’apéritif, avec un goût légèrement amer, qu’au digestif, davantage sucré. Nous apprécions le salmorejo, sorte de gazpacho épais, spécialité culinaire de la ville. D’anciennes affiches des années 1900 sont apposées sur les murs. Elles invitent les habitants à la célébration des fêtes de la ville, avec corridas, défilés ou batailles de fleurs. Je m’étonne de ce qu’aucune référence religieuse n’y soit faite. C’est que Málaga est devenue au dix-neuvième siècle une ville industrielle, produisant principalement de l’acier : l’idéologie laïque y a gagné du terrain, au point que fut élu en 1933 le premier maire communiste d’Espagne.

 Un musée est consacré à Pablo Picasso, né à Málaga en 1881. Nous visitons une exposition consacrée aux premières années de la vie du peintre, à Málaga pendant dix ans, puis à La Corogne et enfin à Barcelone. Je suis particulièrement touché par la juxtaposition de deux toiles représentant des colombes, l’une de José Ruíz Blasco, le père de Pablo, dans un style réaliste ; l’autre réalisée des dizaines d’années plus tard par son fils dans son style propre. Une autre exposition temporaire est consacrée à Dennis Hopper, acteur de cinéma, photographe et réalisateur, ami d’artistes tels qu’Andy Warhol ou Roy Lichtenstein.

 La promenade le long du port a été récemment aménagée avec un joli dallage, des fontaines, des bars en plein air et des jardins. La promenade est abritée du soleil par une structure métallique à laquelle sont artistiquement fixées des lattes en forme de palmes. L’ensemble est particulièrement réussi et confère à la ville une image de modernité.

Couverture de la promenade du port, Malaga
Couverture de la promenade du port, Malaga

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