Pour les quatrième et cinquième jours de notre randonnée cycliste, nous quittons la vallée du Rhin pour rejoindre notre point de départ à Dhron. De Bingen, nous remontons la vallée de la Nahe, un affluent du Rhin.
Le long du Rhin et de la Moselle, s’orienter est facile : il suffit de ne pas perdre le fleuve de vue. Lorsqu’on quitte la vallée du Rhin, c’est plus compliqué. Les panneaux indicateurs s’ingénient à dépister le touriste, indiquant tantôt le village le plus proche, tantôt des destinations lointaines. La piste cyclable s’interrompt au milieu de nulle part, un chemin en cul de sac ou une zone industrielle. Nous nous retrouvons ainsi, sans l’avoir cherché, sur un quai de la gare de Bad Kreuznach et utilisons les ascenseurs pour handicapés pour rejoindre le centre-ville.
De plus en plus souvent, la piste asphaltée laisse la place à des chemins de terre et de graviers. Le pédalage est lent et heurté, mais le paysage de forêts et de ruisseaux est superbe.
Il nous arrive de croiser en pleine campagne une usine autour de sa cheminée. En France, ce serait à coup sûr une friche industrielle. Ici, l’installation est en plein fonctionnement. La puissance industrielle de l’Allemagne tient au dynamisme de ses petites entreprises.
Nous faisons étape pour la nuit à Idar-Oberstein, une ville sans cachet qui s’étend sur des kilomètres au fond d’une vallée encaissée. La ville s’est forgé une réputation dans le négoce de pierres précieuses. De nombreuses échoppes spécialisées jalonnent la route principale. L’origine de cette spécialisation est une mine d’agate, aujourd’hui épuisée.
Dans la grand-rue piétonne, Hauptstraße, la plupart des personnes que nous croisons sont des immigrés. Mon coéquipier, Allemand qui vit en France depuis de longues années, me dit qu’il ne reconnaît plus son pays. Les restaurants sont des pizzérias, des kébabs, des échoppes asiatiques. Pourtant, dans la restauration et l’hôtellerie précisément, nous rencontrons des serveurs et réceptionnistes d’origine étrangère mais parfaitement intégrés : Ouzbèque, Kurde, Syrien…
Au bout de la Hauptstraße, nous trouvons la Gasthaus Zum Alten Goten (la maison d’hôtes aux anciens Goths), qui nous plonge dans une atmosphère allemande fidèle aux stéréotypes : boiseries, sorcières en poupées, diplômes affichés… La cuisine est excellente. J’apprécie particulièrement la soupe de tomates épaisse et épicée. On nous sert un vin rouge de la région, une rareté en Allemagne où prédominent les vins blancs.
An cinquième et dernier jour de notre voyage, la route vers la vallée de la Moselle grimpe jusqu’à 650 mètres pour rejoindre le parc national d’Hunsrüch-Hochwald et sa magnifique forêt dominée par les hêtres. À partir de Morbach, la piste cyclable, souvent réduite à un chemin de terre, se glisse entre forêts, ruisseaux et champs jusqu’à atteindre la Moselle.
