Munitions d’amour

« Munitions d’amour » (Éditions espaces 34, 2025) est un monologue écrit pour le théâtre par Claudine Galea sur la demande de son ami, le metteur en scène Stanislas Nordey : « moi, ça me plairait de porter ton cancer sur scène ».

 L’autrice a été opérée et traitée pour un cancer du sein en 2013. Elle raconte son expérience dans ce texte bouleversant.

 J’ai 52 ans

J’ai un cancer de stade 3

J’ai peur.

Elle décrit sa souffrance pendant les huit mois de chimiothérapie dans une phrase qui n’en finit pas : « Des cernes mangent ton visage ta poitrine se creuse ton visage se creuse tes joues pendent tu gonfles tu maigris même ta bouche maigrit tes yeux s’agrandissent tes yeux se ferment tes orbites se creusent (…)

 Une scène est intitulée « EN RIRE (fuck you) ». En voici un extrait.

Tu chantes et tu danses

Catherine Ringer à fond dans les enceintes

et les voisins viennent sonner

vous fêtez quelque chose ?

oui ma rémission

votre démission ?

oui c’est ça mon admission

vous avez passé un examen ?

plusieurs même

et vous avez réussi ?

oui j’ai tout réussi tout réussi à fond

et tu éclates de rire

et tu refermes la porte

et tu es pliée en deux

de larmes

 La scène suivante a pour titre « EN VÉRITÉ (voir) ». Un passage est cité dans la quatrième de couverture :

EN VÉRITÉ

je touche du doigt

la tristesse et la fureur

et la curiosité aussi

 La lutte contre le cancer est souvent décrite comme une guerre. C’est donc un vocabulaire martial qu’utilise Claudine Galea pour désigner ce que lui a apporté son aimée tout au long de cette épreuve : « munitions d’amour ».

 Claudine Galea a été reçue dans l’émission Le Book Club de France Culture. Voici ce qu’elle dit de son livre. « Il est évident que le cancer, c’est le corps et l’expérience du corps, c’est aussi l’expérience du vivant et de l’esprit. Je ne parle pas en termes de spiritualité, mais en termes de pensée. En ce qui me concerne, le corps et la pensée vont totalement ensemble, et donc le corps me fait penser et finalement écrire. Par conséquent, pour ce livre, le gros travail de l’écriture a consisté à retrouver et retransposer toutes les micro-expériences du corps. Ce que j’essaie de faire dans l’écriture, quel que soit le texte que j’écris, quel que soit ce que cela raconte, c’est que ça puisse passer par le corps, c’est le centre de mon travail. Ce n’est pas un exercice intellectuel, c’est un exercice vivant. »

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