SantéScienceTélévision26 novembre 20200Notre corps, ce réseau social

France 5 a récemment diffusé un remarquable documentaire de Pierre-François Gaudry : « Notre corps, ce réseau social ».

 Traditionnellement, les organes du corps humain étaient présentés comme des travailleurs spécialisés, coordonnés par le cerveau. Chacun avait sa fonction : les poumons pour oxygéner, les reins pour produire de l’urine, les os pour se tenir debout, les muscles pour se mouvoir. Seule la graisse avait mauvaise réputation.

 La médecine s’est organisée pour répondre de manière efficace aux dysfonctionnements de chaque organe. Il y a des spécialistes du cœur, des reins, des intestins, etc. Le reportage montre pourtant un patient traité en Allemagne pour de l’hypertension artérielle : c’est sur les reins, et non sur le cœur ou les artères qu’intervient le chirurgien.

Car les reins ne produisent pas seulement l’urine. Ils peuvent, par exemple, stimuler la production de globules rouges par la moelle épinière. Ils secrètent des molécules qui, acheminées par le sang, transmettent des messages adressés à d’autres organes. Le reportage s’intéresse aux os, qui s’érodent et se reconstituent en permanence et adressent des appels à plus ou moins de calcium ; les muscles « parlent » au système immunitaire ; les graisses elles-mêmes émettent des messages qui activent ou neutralisent la faim.

 Ce qui est commun à tous ces organes, c’est qu’elles émettent des particules chimiques qui, parvenant aux neurones, allument des signaux électriques qui, combinés dans un nombre immense de configurations possibles, donnent des instructions. Et les neurones, sortes de branches d’arbres microscopiques présentes pas seulement dans le cerveau, se développent pour se connecter à leurs voisins. Dans certaines zones du cerveau, ils se multiplient même à un âge avancé de la vie.

 Bref, le corps est comme un réseau social : chaque organe est en conversation permanente avec les autres. Et comme dans Facebook ou Twitter, les agents toxiques ne sont pas rares : on les appelle notamment « cellules cancéreuses ». Comprendre le langage des organes les uns vis-à-vis des autres ouvre des voies nouvelles pour la médecine. On ne soigne plus seulement un organe, mais une infirmité de cet organe due à un problème de relation avec d’autres.

 Le documentaire de Pierre-François Gaudry est passionnant parce qu’il renverse les évidences de nos cours de sciences naturelles. Il marie des images de microscopes électroniques à couper le souffle, une infographie spectaculaire, des cas cliniques observés en France, dans plusieurs autres pays européens, au Japon et aux États-Unis et l’intervention d’un Monsieur Loyal passionné, le docteur Jean-Benoît Arlet.

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