CinémaHistoireJustice2 mai 20240Nuremberg, les nazis face à leurs crimes

La chaîne Paris Première a récemment diffusé « Nuremberg, les nazis face à leurs crimes », documentaire réalisé par Christian Delage en 2005.

Les Alliés, États-Unis, Grande-Bretagne, France et Russie s’étaient mis d’accord pour juger 21 des plus hauts responsables nazis. Le chef d’accusation était complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Nuremberg avait été choisie car elle était le lieu où avaient été proclamées les lois anti-juives. Et aussi parce, dans le champ de ruines qu’était devenue la ville sous les bombardements, le tribunal et la prison étaient demeurés intacts.

Du  20 novembre 1945, six mois seulement après la capitulation de l’Allemagne, au 1er octobre 1946, le tribunal siégea plus de 400 fois. Aucun accusé ne plaida coupable. Le verdict fut 12 condamnations à mort (dont celle de Martin Borman par contumace), 7 peines d’emprisonnement et 3 acquittements. Le principal accusé, Herman Göring, parvint à se suicider avant d’être pendu.

Robert Jackson

Le documentaire de Christian Delage met en évidence ce qui rend ce procès unique : son caractère international. Certes, le procureur, Robert Jackson, est membre de la Cour Suprême des États-Unis, et les débats son menés selon la procédure pénale américaine. Mais chaque pays est venu avec une équipe de juristes et avec des journalistes (dont Joseph Kessel pour la France). La salle du tribunal de Nuremberg contient à peine cette foule. On est frappé par l’entassement des participants.

Les débats sont traduits simultanément en allemand, anglais, français et russe. Il en résulte une lenteur des débats. Marie-Claude Vaillant-Couturier témoigne de son expérience d’Auschwitz et Ravensbrück en détachant chaque mot. Elle est toutefois interrompue et sommée de parler encore plus lentement.

Le documentaire s’attache à la méthodologie du procureur Jackson. En démontrant l’existence d’un complot, il veut à la fois signifier que les crimes sont ceux du système nazi dans son ensemble, et pointer les responsabilités personnelles de ceux qui l’ont conçu et mis en œuvre.

Peu à peu, c’est l’énormité des crimes qui émerge. Otto Ohlendorf, ancien chef d’un « Einsatsgruppe » parlera de 90 000 personnes mises à mort par son groupe dans les territoires de l’est entre juin 1941 et juin 1942. Rudolf Höss, premier directeur du camp d’Auschwitz-Birkenau estimera à 2 500 000 le nombre de personnes passées par les chambres à gaz et les fours crématoires.

La projection d’images tournées lors de la libération des camps sont insoutenables. On y voit des êtres humains nus, le regard habité par la mort. Une pelleteuse repousse des masses de cadavres dans une fosse commune. Peu à peu émerge comme une évidence le concept de « crime contre l’humanité », et la nécessité d’organiser une justice internationale pour que ces crimes ne restent jamais impunis.

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