Dans « partir un jour », la réalisatrice Amélie Bonnin propose au spectateur un conte dans lequel le présent se trouve âprement confronté au passé.
Cécile Béguin (Juliette Armanet) est partie du restaurant de routiers tenu par ses parents Gérard (François Rollin) et Fanfan (Dominique Blanc). Elle a tenté sa chance dans Top Chef, a gagné le concours, est devenue une célébrité et va ouvrir à Paris un restaurant gastronomique promis aux étoiles Michelin.
Lorsqu’on lui annonce que son père est hospitalisé pour son énième infarctus, elle revient au pays, célébrée par ses amis de lycée comme une gloire locale, décriée par son père qui a enregistré sur un carnet ses déclarations sur la cuisine minable du restaurant familial.
Cécile est confrontée à un ancien flirt de lycée, Raphaël (Sébastien Bouillon), resté au pays et installé comme garagiste. C’est une histoire d’amour avortée qui refait surface. Or, Cécile vient de découvrir qu’elle est enceinte de Sofiane (Tewfik Jallab), son compagnon et associé dans la création du restaurant gastronomique. Elle est résolue à avorter.
Une constante de Cécile, c’est sa versatilité. Face à une proposition, sa première réaction est de refuser. Non, elle ne retournera pas voir son père malade. Non, elle ne participera pas à une soirée avec les amis de lycée. Non, elle ne concèdera pas à Raphaël une soirée intime. Qu’en sera-t-il du bébé qu’elle porte et dont la femme de Raphaël, Nathalie (Amandine Dewasmes) lui fait entendre le cœur ?
Tout le film est rempli d’anciennes chansons françaises interprétées par les acteurs, dont bien sûr Juliette Armanet. « Je suis plutôt partie du constat que la musique est partout dans nos vies, tout le temps, dit la réalisatrice. Elle constitue un socle commun, voire un lien entre les gens d’une génération. Même quand ils sont très différents, ils partagent au moins une chanson. »
« Partir un jour » touche le spectateur par la complexité des personnages, incarnés par des acteurs remarquables. Cécile ne sait pas quand elle va revenir à Paris. Fanfan se désespère du caractère sédentaire et acariâtre de son mari. Gérard en veut à sa fille pour mépriser son passé, mais l’aime profondément. Soufiane ne voulait pas d’enfant, mais maintenant qu’il est là, en gestation, ses certitudes sont bouleversées.
« Partir un jour » est un beau film.
