CinémaMonde Arabe5 avril 20180Razzia

Razzia, film de Nabil Ayouch qui a écrit le scénario avec son épouse Maryam Touzani, évoque cinq destins de personnes cherchant un chemin de liberté dans le Maroc d’aujourd’hui.

En 1982, dans un village berbère de l’Atlas, Abdillah (Amine Ennaji), un instituteur passionné, enseigne à ses petits élèves dans leur langue, le tamazigh. Il les éveille à la beauté de la montagne, du système solaire, de la poésie. Lorsque tombe un décret sur l’arabisation de l’enseignement, il s’enfuit à Casablanca pour conserver sa liberté.

En 2015, Salima (Maryam Touzani) n’en peut plus de sa vie avec un mari qui ne conçoit pas qu’elle puisse travailler. Elle n’en peut plus des interpellations d’hommes dans la rue qui lui reprochent l’indécence de son habillement. Deux questions la taraudent : rester ou non avec son mari, conserver ou non l’enfant qu’elle porte en elle ?

Hakim (Abdellah Rachid) voudrait faire une carrière de chanteur. Son père ne supporte pas l’homosexualité de son fils, sa fascination pour Freddy Mercury.

Inès (Dounia Binebine) a 17 ans. Elle appartient à un milieu favorisé dans lequel les parents sont absents et l’on méprise le personnel de maison. C’est pourtant dans les bras de sa nounou qu’elle se réfugie pour calmer sa souffrance. Elle refuse le modèle de femme soumise, entend vivre sa vie sexuelle comme elle l’entend.

Joe (Arieh Worthalter) est l’un des Juifs restant à Casablanca. Il tient un restaurant. Il tient bon, dans un pays où la haine des Juifs percole jusque chez des enfants.

Les destins d’Abdillah, Salima, Hakim, Inès et Joe se croisent furtivement. Ils ont en commun de porter un désir de liberté alors que la violence des jeunes exacerbés par le chômage gronde dans la rue et que la violence des extrémistes religieux tend à occuper l’espace public.

« Razzia » est un film dur, que l’on jugerait empreint d’un profond pessimisme s’il n’y avait la vitalité de la ville de Casablanca et la volonté de fer de citoyens et citoyennes courageux de lutter pour leur liberté. Et s’il n’y avait la beauté des montagnes et la fascination de la poésie, en tamazigh et en arabe.

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