Songe

Dans son film Songe, le réalisateur palestinien Rashid Masharawi offre au spectateur une fable sur l’aspiration à la liberté d’un peuple dont le territoire est entravé de murs et de check-points.

Il est des êtres en Palestine qui n’ont pas besoin de songer à la liberté, puisqu’ils en jouissent sans entrave : les pigeons ! Le jeune Sami (Aseel Abu Ayyash) a douze ans et c’est précisément un pigeon qu’il vient de recevoir en cadeau. Problème : le pigeon s’est enfui.

Sami vit avec sa mère dans le camp de réfugiés de Qalandia, proche de Jérusalem. Son père est emprisonné depuis sept ans. Pour l’adolescent, la perte de son pigeon est un crève-cœur. Il part rejoindre à Bethleem son oncle Kamal (Ashraf Barhom) qui lui a offert ce cadeau.

Kamal est sculpteur sur bois. Il produit des figurines pieuses pour les touristes chrétiens et doit les livrer dans un souk de Jérusalem. Il y apprend que le pigeon est né à Haïfa. C’est là que Samir le presse d’aller, puisque les pigeons sont réputés revenir à leur lieu d’origine. Maryam (Emilia Al Massou), la fille de Kamal, se joint au voyage : elle est en école de journalisme, et c’est un reportage audiovisuel sur smartphone que lui demandent ses professeurs. Elle filmera donc Samir et sa Palestine occupée.

Ce que filme Maryam, ce sont des kilomètres de murs et de barbelés. Ce qu’elle ne peut pas filmer, c’est l’attente interminable aux check-points et l’absurdité de certains contrôles : ici, un policier demande pourquoi il y a des clous plantés dans les croix où gisent les figurines de Jésus ; là, on fait exploser un objet suspect, la cage du pigeon de Samir.

Le film de Rashid Masharawi est empreint d’humour et de poésie, celle des rêves qui passent selon le titre anglais, « passing dreams ». « Pour moi, dit le réalisateur, le voyage de Sami avec son oncle et sa cousine, à la recherche d’un pigeon disparu, est bien plus qu’une simple quête. C’est une exploration des liens humains, des lieux et des souvenirs. C’est aussi une tentative de préserver les rêves, malgré la dureté de la réalité et l’absurdité du quotidien. Ce périple devient une découverte de la beauté qui réside en chaque être humain et dans chaque endroit, une manière d’inventer l’espoir et de forger des protections intérieures contre les désillusions constantes, issues de l’inconnu et de l’irrationnel.

« Le film Songe est, pour moi, une expérience cinématographique qui invite le spectateur à parcourir une Palestine où les rêves individuels s’entrelacent avec le rêve collectif. »

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