Dans Spotlight, le réalisateur Tom McCarthy raconte l’enquête menée par une équipe de journalistes de Boston Globe qui aboutit à la révélation du scandale des prêtres pédophiles.
« Spotlight » était le nom d’une équipe de reporters d’investigation du Boston Globe. En 2001 arrive un nouveau directeur de la rédaction, Marty Baron (Liev Schreiber). Il a l’ambition de réveiller le journal. Il demande à Spotlight d’enquêter à fond sur l’affaire d’un prêtre pédophile accusé d’avoir abusé d’un garçon en 1991, dont le dossier a été mis sous scellés par la justice.
L’équipe, Walter Robinson (Michael Keaton), Michael Reznendes (Mark Ruffalo) et Sacha Pfeiffer (Rachel McAdams) se met au travail. Elle parvient à rencontrer des victimes. Ce n’est pas seulement un prêtre qui est en cause, mais bientôt 13 et, au terme de l’enquête, 87. Et il ne s’agit pas seulement de brebis égarés, mais de tout un système.
Lorsqu’un cas de pédophilie apparaissait, l’Église mandatait un avocat qui approchait les victimes et cherchait avec elles un accord extra-judiciaire. Le prêtre était déplacé, mais le plus souvent dans une autre paroisse où les mêmes sévices se produisaient.
L’équipe de Spotlight mène son travail sur tous les fronts : en parlant aux victimes, en établissant de listes de prêtres classés sur l’annuaire du diocèse de Boston « en congé maladie » ou « sans affectation », en approchant les avocats mêlés à l’affaire, du côté des victimes ou de l’Église elle-même. Son enquête est retardée par les attentats du 11 septembre 2001, mais aboutit à la publication d’articles retentissants à partir du début 2002, à la démission du Cardinal Law et à des procès contre des prêtres pédophiles.
Le film de McCarthy fait penser aux « hommes du président », film d’Alan J. Pakula de 1976. Le sujet est voisin : des journalistes parviennent, par leur obstination et leur courage, à révéler un énorme scandale, le Watergate et les prêtres pédophiles. Dans l’un et l’autre cas, le scénario est serré et, de rebondissement en rebondissement, ne laisse pas de répit au spectateur.
J’ai particulièrement aimé l’entrée en fonction du nouveau directeur de la rédaction, un joli cas de management. J’ai aussi été sensible au fait que, dans l’atmosphère provinciale de cette grande ville qu’est Boston, chacun a eu sa part de la conspiration du silence. Le chef de Spotlight lui-même, Walter Robinson, reconnaît avoir relégué dans les pages locales du journal les premières dénonciations en justice de faits de pédophilie, des années auparavant. Le témoignage des victimes, dont la vie est ravagée par les sévices subis lorsqu’elles étaient des enfants, révèle l’horreur du crime. L’aveu de culpabilité de Robinson dans l’étouffement de l’affaire, est aussi un acte de courage.
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