La belle endormie

La Belle endormie (La bella addormentata), film de Marco Bellochio, nous plonge au cœur d’une controverse qui a profondément divisé les Italiens à la fin 2008 et au début 2009 : à la demande du père d’Eluana Engaro, dans le coma depuis 17 ans, un tribunal avait autorisé  l’interruption de son alimentation artificielle.

 Le Président du Conseil Silvio Berlusconi avait utilisé cette situation pour souder autour de lui l’opinion catholique. Au nom du respect absolu de la vie, il avait déposé en urgence un projet de loi obligeant à maintenir l’assistance mécanique à la vie de personnes comateuses, ce qui aurait obligé à rebrancher les appareils maintenant en vie Eluana. Le film se déroule début février 2009, six semaines après qu’Eluana eut été débranchée : elle est transférée à l’hôpital d’Udine pour y mourir ; à Rome, les Députés sont réunis pour voter le projet de loi de Berlusconi. Continuer la lecture de « La belle endormie »

Le temps de l’aventure

« Le temps de l’aventure », film de Jérôme Bonnell, nous place au cœur d’une histoire d’amour brûlante et éphémère entre deux étrangers.

Alix (Emmanuelle Devos) ne sait plus où elle en est. Comédienne, elle vient à Paris pour un casting et juge sa prestation désastreuse. Elle s’interroge sur sa relation avec l’homme avec lequel elle vit. Ses relations avec sa sœur, une petite bourgeoise conventionnelle, sont exécrables. Alix, habituée par son métier à exposer des sentiments, est ravagée par la crise de la quarantaine.

Aujourd’hui est un jour accablant. Elle se retrouve sans le sou, carte bancaire bloquée ; son téléphone portable n’a plus de batterie ; le portable de son compagnon est sans cesse sur répondeur. Alix est déprimée. Dans la rue, par inadvertance, elle se cogne la tête contre un poteau métallique. Une passante lui conseille de maintenir la joue contre la surface froide du poteau ; « quel beau couple ! » marmonne un autre passant voyant Alix enlacée à son poteau.

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The memory of love

“The Memory of Love” (le souvenir de l’amour), d’Aminatta Forna, est un roman bouleversant dont le cadre est un pays ravagé par une féroce guerre civile encore toute récente.

Aminatta Forna dit d’elle-même qu’elle est née en Ecosse, a grandi en Sierra Léone et en Grande Bretagne et a passé des périodes de son enfance en Iran, en Thaïlande et en Zambie. Elle a écrit trois romans, dont « The Memory of Love », publié en 2010. C’est un livre de plus de 400 pages dont les personnages principaux sont un pays, la Sierra Leone, un jeune chirurgien sierra léonais, Kai Mansaray, et un psychiatre anglais, Adrian Lockheart.
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Kaas chante Piaf

Patricia Kaas est actuellement en tournée en France et dans le monde avec son spectacle en hommage à Edith Piaf.

 Patricia Kaas chante 21 chansons d’Edith Piaf, dont on célèbrera en octobre les 50 ans de la mort. Elle a en commun avec Edith des origines populaires, un timbre de voix assuré, une énergie peu commune. Elle est, comme Edith, l’un des rares chanteurs français connus à l’étranger. Des concerts sont programmés cette année à Londres, Helsinki, Istanbul, Shanghai et Tokyo, entre autres destinations européennes et mondiales.

 Son tour de chant n’est pas un « copié – collé » des concerts d’Edith Piaf. Le compositeur Abel Korzienswski, connu pour ses musiques de film, les a profondément réarrangées, de sorte qu’elles portent avec elles non seulement les émotions d’hier, mais les tonalités et couleurs d’aujourd’hui. Un danseur chorégraphie certains morceaux. Le mouvement donne à certaines chansons, telles « emportés par la foule », une grande densité. La mise en scène intègre aussi des images projetées, mais la topographie de la Patinoire de Bordeaux, pas vraiment adaptée à la scène, ne nous a pas permis d’en profiter.

 Dans Sud-Ouest du 21 mars, Patricia Kaas dit d’Edith Piaf : « c’était aussi une passionnée de l’amour, extrême dans tout ce qu’elle faisait, qui s’y est usée… Elle nourrissait ses chansons avec ses défaites amoureuses, cherchait des instants de passion… Sans doute elle aussi, comme moi, avait peur de l’ennui. » Les chansons d’Edith, leur réinterprétation par Patricia prennent aux tripes. Même un amour malheureux, disait Piaf, c’est encore du bonheur. Le spectacle de Kaas en témoigne.