Van Gogh / Artaud, le suicidé de la société

L’exposition « Van Gogh : Artaud, le suicidé de la société » (Musée d’Orsay, jusqu’au 6 juillet 2014) présente le travail du peintre sous l’angle des convulsions de la folie. C’est un éblouissement.

 L’écrivain et homme de théâtre Antonin Artaud (1896 – 1948) fut interné pendant neuf ans dans un hôpital psychiatrique. Lorsqu’après l’exposition Van Gogh de 1947 à Paris un psychiatre écrivit un article décrivant la folie qui avait mené le peintre au suicide, il répondit par un essai intitulé « Van Gogh le suicidé de la société ». Ce n’était pas le peintre qui était fou ; c’était la société qui l’avait « suicidé » par son incapacité à accepter la vérité déchirante qu’il mettait à nu. Continuer la lecture de « Van Gogh / Artaud, le suicidé de la société »

Ida

« Ida », film de Pawel Pawlinowski, est un bijou cinématographique.

 Dès les premiers plans, le spectateur est saisi par la beauté des images. Le cadrage de chaque image est minutieusement travaillé. Les personnages sont parfois filmés en gros plan, mais très souvent ils sont relégués en marge du cadre, comme perdus dans un environnement qui les dépasse. L’usage du noir et blanc conforte l’impression d’une image épurée, réduite à l’essentiel. Il y a quelque chose de mystique dans la prise de vue. Les personnages traversent une expérience spirituelle bouleversante, avec ou sans Dieu, et c’est bien le climat que met en place la photographie. Continuer la lecture de « Ida »

L’élégance du hérisson

France 2 a diffusé au début janvier le beau film de Mona Anache, « le Hérisson » (2009) qui mettait à l’écran « l’élégance du hérisson », roman publié trois ans plus tôt par Muriel Barbery dont voici une notre de lecture.

 Paloma Josse est une gamine parisienne surdouée qui vit sa vie de famille comme un enfer. Son père, député de gauche caviar, lui apparait comme un être insignifiant et lâche. Sa mère arbore comme un triomphe ses dix ans de psychanalyse. Et surtout, sa grande sœur Colombe, par sa superficialité et sa conformité aux préjugés de son monde, représente tout ce qu’elle abhorre : « chaque jour je me dis que ma sœur ne peut pas s’enfoncer plus profondément dans la mare de l’ignominie et, chaque jour, je suis surprise de voir qu’elle le fait. » Paloma a planifié son suicide, le jour de son prochain anniversaire, seul moyen selon elle d’échapper au « bocal à poissons » qu’est le destin où elle est enfermée. En attendant, elle écrit ses pensées profondes qu’elle introduit par des poèmes à la japonaise et un insolite « journal du mouvement du monde » consacré au « mouvement des gens, des corps, voire, s’il n’y a vraiment rien à dire, des choses, et à y trouver quelque chose qui soit suffisamment esthétique pour donner un prix à la vie. De la grâce, de la beauté, de l’harmonie, de l’intensité. » Continuer la lecture de « L’élégance du hérisson »

2014 : que fleurissent les hibiscus !

« Transhumances » souhaite à ses lecteurs une très heureuse année 2014.

 Le quotidien britannique The Guardian  a récemment publié cette photographie de Roni Bintang pour Reuters. Sur les flancs du volcan du Mont Sinabung, au nord de Sumatra (Indonésie), une fleur d’hibiscus perce la couche de cendres.

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Jolie analogie avec notre beau pays, la France. Nous prenons un plaisir masochiste à nous contempler recouverts de cendre, celle que répand une fatalité exogène : globalisation, financiarisation, immigration… Pourtant, il ne tient qu’à nous de voir les hibiscus qui fleurissent, et, là où nous sommes, de les cultiver en nous et autour de nous. C’est le vœu que je formule pour 2014 pour vous, lecteurs de ce blog, pour vos familles et pour vos proches.

Puisse « transhumances » contribuer à le réaliser, à sa manière.